Le gros nanar est un genre en soi, qui est souvent divertissant pour les pires raisons, et le spectateur y prend plaisir surtout si il y retrouve tous ses acteurs favoris dans des performances fantaisistes.
En voila un qui sur papier etait rempli d'atouts: une comédie érotique faisant s'affronter des villageois de chez Pagnol et des voyous de chez Audiard au milieu de nymphettes hippies plus proches de Emmanuelle que de Hair, et avec tous les acteurs de second rôles qu'on adore -de Michel Galabru a Andre Pousse en passant par Robert Alban et Phillipe Castelli! Wow! Comment peut-on saccager un tel matériau?
C'est simple, mettez Jean-Marie Poiré au script et aux dialogues avec Lautner. Le neant créatif sur toute la ligne. Comme ça, tous les acteurs n'ont plus rien à nous servir que des platitudes et se retrouvent a traverser laborieusement un film si denué de toute personalitée qu'on ne peut même pas l'apprécier en nanar.
Le scénario est horriblement poussif, ni Poire ni Lautner n'ont de competence d'ecriture de scenario. Mais cela aurait pu etre mitige par de bon dialogues, car ce genre de film repose toujours sur la verve des dialogues et des acteurs (et en moindre mesure sur un réalisateur qui prend le soin de les diriger et de les filmer proprement). Et la ou Audiard nous aurait ravis par son génie des mots parfaitement adapte aux acteurs qui les servent et son savoir-faire dans le developement des echanges, Poiré et Lautner nous consternent par leur totale absence d'inventivité, d'humour et de qualification. Et tous ces acteurs qu'on aime tant se retrouvent completement anodins (un comble de gacher tant de talents), tous sont terriblement fades et ennuyeux du premier au dernier. Meme avec des attentes tres basses, il est difficile de maintenir l'attention.
Pour conclure, ce film de 1974 est un peu le tournant entre l'elegante comedie grivoise des annees 60 et les gros nanards franchouillard de tres basse qualite qui la remplaceront dans les annees 80. Il n'est ni l'un, ni l'autre, le dialogue est nul et les acteurs aussi. Reste quelques jolies figurantes dénudées (dans les premières 15 minutes seulement, le film oubliant vite sa propre proposition), qui nous rappellent a cette France légère de jadis qui n'est plus. A la rigueur, visionner le début, et coupez-court sans regrets.