"Who Framed Roger Rabbit" fait l'unanimité et je peux le comprendre, d'ailleurs j'ai plutôt passé un bon moment, mais à titre personnel le film de Zemeckis n'a rien de culte, et quelque part c'était écrit.
D'abord je l'ai découvert bien trop tardivement, de sorte que je n'ai pas apprécié à sa juste valeur la prouesse technologique consistant à associer prises de vue réelles et images animées de synthèse. A sa sortie en 1988, il s'agissait d'un exploit révolutionnaire, aujourd'hui c'est devenu un procédé presque courant...
Ensuite, contrairement à de nombreux gamins de cette génération, je n'ai pas grandi dans le culte de cette culture américaine populaire (dessins animés, BD/comics...), de sorte que les toons sont un concept qui me laisse froid. Chez moi c'était plutôt Tintin, Olive & Tom et "Youpi, l'école est finie", je n'ai jamais regardé Tex Avery ou "Ca cartoon". Je lisais bien "Le journal de Mickey", mais globalement les nombreuses franchises animées réunies par Spielberg (producteur du film) ne me parlent pas plus que ça.
Du coup, j'ai trouvé le film sympa, mais sans plus. Trop enfantin à mon goût, avec trop de séquences hystériques lorsque les toons sont présents à l'écran, et a contrario un rythme assez poussif au niveau de la detective story. En effet, je misais beaucoup sur cette atmosphère de film noir pour apprécier "Roger Rabbit" à sa juste valeur : si l'ambiance s'avère réussie, l'enquête n'apparaît jamais palpitante, on sent bien que ce n'est pas le cœur du projet.
Malgré cette relative déception, le film de Zemeckis est quand même parvenu à m'enthousiasmer ponctuellement, à l'image de cette ouverture animée de haute volée, s'achevant par une mise en abîme du plus bel effet.
De même, "Roger Rabbit" décolle vraiment dans son dernier acte, situé à Toontown et centré sur le juge DeMort (Christopher Lloyd, impressionnant), qui réserve quelques jolies surprises scénaristiques.
Il faut enfin souligner l'audace des auteurs, qui dans un film à destination des enfants (entre autres) n'hésitent pas à multiplier les allusions grivoises et les situations malaisantes, loin du puritanisme actuel des studios et de la société elle-même, qui ne toléreraient plus de tels écarts avec la bien-pensance.