L'ajout de dessins animés aux images réelles n'était certes pas un procédé nouveau, mais 'Who Framed Roger Rabbit?' s'est immédiatement présenté comme la nouvelle référence du genre. Non seulement la qualité de l'animation est excellente, mais le scénario repose également sur la double intégration des personnages des Toons dans l'image, et dans la culture.
De fait, l’œuvre de Robert Zemeckis dépasse de loin le film pour enfants. Le récit introduit des concepts intelligents : l'immortalité des Toons, les enjeux financiers dont ils sont à l'origine, le racisme des humains, la mise en abîmes des Toons acteurs. Et pour rendre crédible cet univers abracadabrantesque, le film s'offre les services de toute la galerie des personnages animés de Disney, de Warner et de la Paramount pour enchainer les apparitions de personnages cultes. C'est bien là toute la force de l'oeuvre : la consécration du dessin animé à Hollywood. L'introduction folle en hommage à Tex Avery, le duel de piano, le show de Jessica Rabbit et les gags toonesques pendant la chanson d'Eddie sont autant de séquences sensationnelles qui illustrent la puissance du dessin animé.
Pour le reste, la narration est un peu simpliste et ne représente pas un divertissement majeur. L'enquête aux teintes de polar n'est guère passionnante, le méchant Judge Doom est un peu ridicule (même si cela s'explique dans le final), Bob Hoskins est sympathique mais sa prestation est anecdotique et la bande-originale est loin des hymnes de Disney. En outre, l'humour entre blagues pour adultes et gags enfantins ne convainc pas toujours.