Garçon sans bande
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On mésestime le pouvoir de la frustration d’un récit. En créant des attentes sans les satisfaire, la jeune réalisatrice Marianne Tardieu ose nous clouer les pieds, terre-à-terre. Les aspirations célestes de Chérif (Reda Kateb, toujours un extraordinaire ordinaire) s’imbriquent dans une observation aussi modeste que l’épopée dépeinte. L’ascension tangente, ses retours de bâton qui glisse des mains du pèlerin, on ne les prendra jamais assez en pleine poire.
Ici, l’on percute le rêve, l’abnégation et la patience qu’il nécessite par coercition. Au travers de cadres droits, loin des miroirs déformants, Tardieu piste et dépiste l’espoir déchu. Comme De Palma dans L’impasse, elle prend le temps. Mais moins pour disséminer des figures qui feront trébucher son Al Pacino des banlieues que pour nous laisser humer son parfum d’humanité. Du cruel l’imbibe, dégage une fragrance d’inachevé. Le terme abrupt de Qui vive incarne une interruption pas une fin. Comme un résidu d’encens, il hante le nez, y marque son territoire. De quoi encourager à traquer, la truffe au vent, d’autres maelstroms du quotidien.
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Créée
le 27 juin 2015
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