Après Canine, sa scotchante dissection de l’enfance remarquée à Cannes, Yorgos Lanthimos passe par la case Hollywood avec un casting aux hormones. Ce beau monde se débat dans un luxueux hôtel pour trouver un partenaire amoureux. Un compte-à-rebours les somme de dénicher cet alter-ego, pourvu d’un point commun significatif, avec célérité. En cas d’échec, l’esseulé est transformé en animal à jamais. Avec ce canevas, The Lobster figure avec brio la pression sociétale du couple omniprésent.
Le réalisateur grec pousse le vice entomologiste au-delà de son paroxysme. Il encadre ses errants en détresse d’un dispositif frigide (voix-off narrative, plans fixes, aucune musique). Des entrelacs complexes que laisse présager son pitch, on n’obtient que des castes antagonistes classiques (les « pour » et les « contre » le système actuel). La romance du film émerge au cœur de ce contexte cadenassé et clinique, ce qui étiole l’émotion. Étouffante de premier degré, l’œuvre danse un slow interminable avec son scénario. Quelques scènes ravivent le feu doux, mais ce homard reste irrémédiablement congelé. On soupçonne le cinéaste d’avoir volontairement saboté le thermostat.