1962 est l'année où le cinéma s'est considérablement industrialisé, où la télévision a pris une place prépondérante dans la société et où les financiers ont pris le pas sur les patrons de studios, laissant souvent de grands cinéastes d'antan sur le carreau.
Le supposé déclin du cinéma a été représenté dans des films comme Sunset Boulevard, Le grand couteau, ou Les ensorcelés, ce dernier ayant été réalisé par Minelli. Il est souvent montré comme un monde en perdition, où la fiction ne peut côtoyer la réalité et où la folie guette.
Kirk Douglas joue un acteur dit au chomage, qui va accepter de tourner quinze jours en Italie dans un film d'un de ses rivaux réalisateurs, mais sans se rendre compte qu'il va être exploité et non utilisé pour ses talents de comédien.
Le réalisateur, incarné par un excellent Edward G.Robinson, représente lui un personnage des temps anciens, omnibulé par la réussite de son film, et qui est confronté à un producteur qui se fiche totalement de son sujet, mais qui est plus intéressé par ce qu'il va lui rapporter. On voit déjà là l'irruption des producteurs plus marchands de tapis que vraiment intéressés par le cinéma.
Contrairement aux habitudes de Minelli, le film n'est pas du tout une comédie musicale, mais se révèle être une tragédie à tombeau ouvert, où c'est une certaine conception des films qui est mise à mal.
La folie supposée du personnage de Kirk Douglas exprime aussi cet état de fait ; entre l'envie de travailler et celle de s'amuser.
Il est à noter que le film Les ensorcelés joue aussi un rôle dans l'histoire, signe du vestige du Hollywood d'autrefois.
Je regrette juste que les diverses histoires d'amour évoquées dans le film prennent autant de place, et on aurait savoir quel film tournait le personnage incarné par Edward G. Robinson, mais en l'état, c'est une belle réussite, terriblement à charge contre l'industrialisation du cinéma en 1962.