1. Alors que la Nouvelle Vague commence à prendre le relais, Vincente Minelli a comme un sale pressentiment. Comme si toute l'industrie hollywoodienne était en train de se barrer en couilles, étouffant sous le poids de ses propres excès. Il compose alors une oraison funèbre, Two weeks in another town, déployant une mise en abyme aussi joyeuse que cynique et torturée, aussi nostalgique que libertaire.


Derrière ce constat d'une époque révolue, Minnelli se met lui aussi en abyme, autant dans le personnage d'Edward G. Robinson, le réalisateur en perte de vitesse, que dans celui de Kirk Douglas, l'ex-star prisonnière de ses démons. On aperçoit en filigrane un Vincente amoureux transi du cinéma qui doit lutter à chaque film face à des producteurs cupides et dépourvus de toute ambition artistique, face à des acteurs capricieux déconnectés de la réalité et incapables de gérer la pression du métier, face à des médias charognards qui ne manquent pas une occasion d'humilier ceux-là même qui leur permettent de vendre leurs papelards, et face à l'ingratitude générale du milieu.


On sent la charge amère, un peu trop même, vu que Minnelli chancelle souvent sur le fil entre satire et caricature du monde du cinéma, ce qui fait perdre un peu de sa pertinence au propos. De façon générale, malgré ses différents degrés de lecture, le scénario n'est d'ailleurs clairement pas le point fort du film. Les enjeux qu'il pose n'ont rien de particulièrement excitant, une impression renforcée par un rythme déséquilibré qui s'accorde des respirations trop longues, mais contrebalancée par une tension allant crescendo jusqu'à un final aux confins de la folie qui vaut à lui seul le visionnage.

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le 29 juin 2016

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magyalmar

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