On m'avait prévenu mais je dois bien avouer que c'était vrai : avec ce "Rabbit Hole", les habitués de John Cameron Mitchell risquent d'être surpris ! J'en ai entendu beaucoup pester du fait qu'avec ce film, Mitchell abandonnait malheureusement cette folie et ces thématiques pernicieuses qui le caractérisaient si bien, ou bien encore qu'il « s’était rangé », comme beaucoup le feraient une fois qu'on s'est fait un nom... Alors certes, c'est vrai, avec ce "Rabbit Hole" on bascule clairement dans une forme nettement plus classique, pour ne pas dire classiciste ! Musiques, composition des décors et de l'intrigue : tout semble répondre aux codes usuels et standardisés du film « à l’américaine »... Mais bon, pour ma part ce n'est pas parce que j'appréciais « l'ancien » Mitchell un peu déluré, que je n'apprécie pas forcément le « nouveau » Mitchell avec sa raie sur le côté ! Parce que, oui, à mes yeux, John Cameron Mitchell a beau adopter un style ultra-classique, notamment dans ses musiques (oh par tous les dieux du cinéma quelle horreur !) il n'en a pas pour autant perdu sa pertinence et son audace. A mon sens, le film se pare plutôt de la forme consensuelle du milieu qu'il entend décrire pour mieux en dévoiler les failles. Parce que, l'air de rien, "Rabbit Hole" a beau ne pas parler d'homosexualité ou n'expose peut-être pas de scènes osées explicites, il n'empêche qu'en abordant le deuil – et en l'occurrence le deuil d’un enfant – il met le doigt sur quelque chose de très sensible auquel il arrive à donner beaucoup d'envergure. Jamais le film ne s'enlise dans le pathos ou les effets faciles, toujours il recherche à démanteler les façades d'usage qu'on serait tenté d'arborer lors de telles situations. A ce titre, le chassé-croisé de ces deux personnages qui suivent chacun de leur côté leur propre parcours de sortie de deuil, loin des conventions d'usage dans lesquelles on semble vouloir les enfermer, est en cela riche d'évènement et surtout d'expériences sensitives. En cela, je pense que la remarquable interprétation de Nicole Kidman et d’Aaron Eckhart y est pour beaucoup car c'est clairement de la subtilité de leur jeu que le film parvient à lier sa forme classique et son propos audacieux. Décidemment, plus j'en parle et plus je m'en convainc : "Rabbit Hole" est quand même un film sacrément bien mené et qui finalement a bien caché son jeu. Personnellement, je trouve qu'il serait bien dommage de passer à côté d’une telle pépite, alors n'hésitez pas à vous laisser tenter si jamais l'idée vous a l'espace d'un instant démangé d'aller glisser dans ce ravissant trou de lapin plus charmant qu'il ne pourrait en avoir l'air...

lhomme-grenouille
8

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le 17 oct. 2017

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