C'est ce qui s'appelle un changement de registre! Après les affres sexuelles de « Shortbus », voilà que John Cameron Mitchell se plonge dans le quotidien d'un couple meurtri par le brutal décès de leur fils. Et il faut croire que le monsieur a un sacré talent, car de passer à deux genres aussi différents avec une telle aisance, ce n'est pas donné à tout le monde. Il y a en effet beaucoup d'élégance, de sensibilité, de pudeur dans ce « Rabbit Hole », si bien que l'on est rapidement touché par le drame qui unit Howie et Becca, tous deux brillamment interprétés par Aaron Eckhart et une Nicole Kidman retrouvée. C'est d'ailleurs avec beaucoup d'intelligence et de tendresse que le réalisateur fait évoluer son intrigue, ne tombant jamais dans une quelconque leçon de morale et encore moins de manichéisme. Car chacun a en définitive sa propre façon de réagir au deuil, de l'accepter, de remettre en cause sa vie vis-à-vis de lui... Autre élément prouvant cette volonté de ne pas tomber dans la facilité : le coupable n'a rien du voyou odieux que l'on pouvait craindre, Mitchell faisant de lui quasiment le plus intéressant personnage de cette histoire. Mais ce ne sont que quelques éléments parmi d'autres tant chacun trouvera forcément quelque chose d'émouvant à ce « Rabbit Hole », l'une des très belles histoires qu'il m'a été permis de voir en 2011.