Totalement inconnu en France, "The Long Good Friday" a pourtant excellente réputation outre-Manche. Au point d'être considéré comme un classique du film de gangsters britannique. Je soupçonne d'ailleurs "The Gentlemen" de s'en être fortement inspiré !
Mais étant assez attaché à la narration visuelle au cinéma, j'avoue avoir été un peu déçu par le début du film, dont la mise en scène demeure relativement sage. John Mackenzie filme de manière posée et grisâtre cette intrigue autour d'un gangster qui perd le contrôle de son empire.
En effet, paisiblement établi depuis 10 ans, Harold Shand s'apprête à se lancer dans une juteuse, ambitieuse, et légale opportunité immobilière. Mais à la veille de boucler son affaire, voilà que des bombes explosent et de fidèles acolytes disparaissent. De quoi refroidir ses investisseurs, et faire perdre son self-control à notre homme...
Heureusement, le film s'avère finement mené. Si la réalisation reste globalement calme, les passages d'interrogatoires musclés ou d'exécutions sont pour la plupart percutants. Avec quelques idées visuelles sympathiques, dont une séquence dans un abattoir.
Mais surtout, "The Long Good Friday" vaut pour le traitement du protagoniste. Bob Hoskins est impérial dans ce rôle de criminel qui voit son monde s'effondrer. Aussi terrifié qu'énervé, il ne sait qu'employer la violence et la peur, avec un résultat qui sera loin d'être glorieux pour lui.
Ceci culminant jusqu'à un final glaçant, véritable démonstration du talent d'acteur de Bob Hoskins, qui livre peut-être là la meilleure scène de sa carrière.
En bonus, il s'agit de la première apparition au cinéma de Pierce Brosnan, tueur à l'écran dont l'allure angélique tranche magnifiquement avec le destin funeste du protagoniste. Le fait que Brosnan deviendra une star ajoute évidemment au décalage et à l'ironie...
A souligner également : la très bonne noire BO signée Francis Monkman.