On peut se demander de quelle misanthropie est atteint Yves Boisset à le surprendre aussi vindicatif et emporté. Boisset, c'est Mocky puissance 10! Dans cette petite ville que le cinéaste investit, aucun des notables ne trouve grâce à ses yeux et chacun de cacher d'inavouables turpitudes et méfaits.
Boisset nous entraine dans une intrigue aussi simpliste, aussi invraisemblable que caricaturale. Le suspens concernant l'identité du corbeau qui sévit dans la ville (lequel n'est pas avare de révélations scandaleuses: magouilles politico-financières, soirées particulières...) conduit à un dénouement théatral et grotesque. Le film est marqué dans son ensemble par des dialogues maladroits, une direction d'acteurs médiocre et de véritables archétypes (flic cynique, politicien corrompu, commerçants poujadistes), autant de personnages récurrents dans l'oeuvre du cinéaste qui accompagnent des thèmes privilégiés de Boisset: la foule hystérique, l'innocence en victime expiatoire, l'abus de pouvoir...Non seulement, Boisset ne nous apprend rien sur la nature humaine et sur l'ordre social mais encore se conduit-il lui-même comme un vulgaire corbeau, l'anonymat en moins certes. Sa véhémence et quelques part sa fumisterie trahissent sa démarche.
Il faut vite revoir "Le corbeau" de Clouzot pour se sentir mieux!