Lettre ouverte
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le 25 mai 2013
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La mythique collaboration Scorsese/De Niro : une époque incroyable désormais révolue, mais dans laquelle il est toujours captivant de se replonger parfois. Pourtant, « Raging Bull » n'est pas celle que je préfère, et ce pour plusieurs raisons. Même si cela est évidemment volontaire, le film reste très froid, parvenant difficilement à créer l'émotion et encore moins l'empathie pour un héros à la personnalité terriblement nocive, détruisant quasiment tous ceux qui s'approchent de lui, et ce aussi bien physiquement que psychologiquement. De plus, l'ami Marty a comme souvent tendant à abuser des scènes un peu longues, notamment en ce qui concerne parfois les dialogues.
Cela écrit, difficile de passer à côté des qualités majeures du spectacle : la maîtrise de Scorsese est implacable, que ce soit par le choix d'un noir et blanc crépusculaire, évoquant aussi bien l'âge d'or d'Hollywood qu'une sécheresse très personnelle, agrémenté de quelques scènes monumentales et du cultissime
"You fuck my wife"
, véritable point culminant d'une œuvre ne manquant pourtant pas de moments marquants, à l'image dont l'auteur des « Affranchis » filme les scènes de boxe, courtes et brutales, parfois d'une violence assourdissante.
Et Jake LaMotta a beau être un mec quasiment indéfendable, la façon de le filmer, de le présenter comme une figure quasi-sacrificielle, masochiste et souvent insaisissable donne à l'œuvre quelque chose d'unique, surtout interprétée par un Robert De Niro plus « Actor's studio » que jamais, impressionnant même s'il serait injuste de ne pas évoquer Joe Pesci, presque aussi exceptionnel dans un tout autre registre. Bref, un biopic ne ressemblant à aucun autre, et si le sommet de la collaboration entre les deux monstres restera pour moi l'immense « Taxi Driver », difficile d'ignorer ce « Raging Bull » qui, malgré la légère déception, n'en demeure pas moins un incontournable.
PS : en relisant ma critique et après un troisième visionnage, je n'ai pas forcément des centaines de choses à modifier ou ajouter, si ce n'est que les scènes trop « longues » m'ont moins gêné que précédemment. Il y a effectivement un côté très « sado-maso », insaisissable chez ce personnage pour le moins ambigu (euphémisme), que Martin Scorsese filme avec une puissance, une précision impressionnante, Robert De Niro se donnant littéralement corps et âme pour incarner plus qu'un rôle : un véritable corps de cinéma.
À travers ce portrait complexe, le cinéaste saisit aussi une époque, un monde, très masculin, très auto-centré voire violent, n'empêchant pas une forme de « tendresse » passagère (fort virile, faut-il le préciser), dépassant largement le cadre simpliste du film de boxe, les scènes concernées, aussi impressionnantes soient-elles, se révélant finalement très minoritaires.
« Raging Bull » est souvent considéré comme LE chef-d'œuvre de sa décennie (laquelle, d'ailleurs, vu qu'il est sorti en 1980) : je ne saurais dire, mais ce nouveau visionnage sur grand écran confirme l'ampleur et l'importance d'une œuvre ayant autant marqué son temps que le septième art.
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Créée
le 4 mars 2018
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