Raging Bull par Kroakkroqgar

'Raging Bull' a certes relancé la carrière de Martin Scorsese, l’œuvre peine à enthousiasmer aujourd'hui, la faute à une trame narrative éculée.

L'opposition entre carrière fulgurante et vie privée sulfureuse a peut-être fait son effet en 1980, mais ce schéma a été largement banalisé depuis, que ce soit dans le genre des biopics ('Walk The Line', 'Ray', 'Cloclo') ou même dans d'autres films de boxes ('Southpaw'). Dès lors, le portrait agressif, machiste, toxique, et auto-destructeur de Jake La Motta n'a pas grand chose d'original et l'absence d'enjeu du récit rend le visionnage assez ennuyant. En revanche, Robert De Niro est excellent, que ce soit sur le ring ou pendant l’étouffante scène culte ("You fuck my wife ?"), et les métamorphoses physiques de l'acteur sont impressionnantes. En guise de consolation, le film livre un portrait de la vie quotidienne et de la société new-yorkaise dans les années 40 assez intéressant.

La mise en scène de Martin Scorsese ne représente pas non plus un argument imparable, malgré quelques fulgurances. Le choix du noir et blanc n'apporte pas grand chose même si la photographie est de qualité. En outre, même si le cinéaste fut le premier à filmer depuis l'intérieur du ring, les scènes de combats ne sont pas renversantes, hormis le combat final où Sugar Ray Robinson crucifie Jake La Motta, avant que la séquence ne s'achève sur le magnifique plan de la corde ensanglantée. On retiendra le troublant contraste pendant une ellipse musicale entre les images d'archive en couleur de l'idylle amoureuse et les photos de victoires de boxe. En outre, quelques légers ralentis apportent beaucoup de sens à des scènes anodines.