Plongée au coeur de la folie conservatrice
Débutant avec le cinéma hollywoodien, auquel il a été convié en vue d'un talent clairement indiscutable, Milos Forman frappe fort avec Ragtime. Il nous décrit l'Amérique de début de siècle, et va durant 2h30 nous emporter à travers différentes classes sociales, décrire des milieux pour ensuite en fonder des faits sur l'injustice, le sexisme, le racisme...
Tout suivra une lente progression qui nous amènera au fur et à mesure vers quelque chose de plus malsain. Le point principal du film est l'histoire d'un homme noir, qui alors qu'il s'apprête à épouser sa douce se retrouve victime d'une "blague", clairement raciste. Cherchant au début un simple fait de justice qui ne lui sera pas rendu, il va devoir se battre avec des décisions de plus en plus radicales pour essayer de faire évoluer la condition de son peuple, encore très opprimé alors. Il sera rejoint dans son combat par un jeune homme, blanc, avec qui il s'était auparavant lié d'amitié et qui n'accepte pas de voir tant d'injustice sous ses yeux. Et ce jeune homme, avant que ce point principal soit mentionné, semblait être le héros de l'intrigue, lui qui va assister à la naïveté de la femme qu'il aime, et essaiera de l'aider alors qu'elle se fait abuser de part et d'autre.
Avant même de traiter le sujet du racisme, de la ségrégation raciale, Milos Forman prend donc le temps de sa première heure pour nous planter un décor, une ambiance, et surtout, un contexte, avant de nous plonger dans tout autre chose. Ce qui est assez étonnant fait surtout la force de ce film : on prend le temps de s'attacher à chacun des personnages, à leur histoire, leur ressenti face aux événements. Il faut également se replonger dans le contexte de sortie du film. Si cette décennie expiait pas mal de démon du pays de l'oncle Sam grâce à son cinéma (l'un des plus provocateur restera, à mes yeux, Mississipi burning, sorti 7 ans plus tard), Ragtime est osé pour son temps, ce qui le rend encore plus intéressant. Une chose est sûre, après avoir commencé sa filmographie, je ne m'arrêterais pas là !