Mi pute, mi soumise
Si le réalisateur Thomas Gilou est réputé pour ses comédies ethniques, "Raï" constitue clairement son titre le moins ouvertement comique et léger. Si le film démarre sur le ton de la chronique de...
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le 9 oct. 2021
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Si le réalisateur Thomas Gilou est réputé pour ses comédies ethniques, "Raï" constitue clairement son titre le moins ouvertement comique et léger.
Si le film démarre sur le ton de la chronique de mœurs générationnelle, amusante et enjouée (au son de "La monnaie" des Neg'Marrons), cet aspect "comédie de banlieue" alternera constamment avec une dimension nettement plus sombre et violente, Gilou et ses coscénaristes (parmi lesquels figure un certain Cyril Collard) posant un regard pessimiste et sans concession sur cette France des cités HLM.
Derrière les vannes, les délires potaches et les blagues de cul lourdingues, la violence m'a semblé omniprésente : violence verbale, violence directe (les coups, les armes) ou symbolique (le poids des traditions, l'intégration impossible), violence policière, sans oublier la drogue et la misère, histoire de compléter le tableau.
Bref, pas des sujets hilarants ni franchement légers.
Une certaine authenticité se dégage ainsi de "Raï", en dépit de ses nombreuses maladresses. On sent que les auteurs connaissent leur sujet, et la plupart des situations sonnent juste (pas toutes cela dit).
Hélas, ce qui vient plomber le film, c'est l'interprétation des comédiens, souvent catastrophique.
Certes, Thomas Gilou a le mérite d'avoir casté de vraies gueules de lascars aux faciès typés, et pas des beaux gosses sortis du cours Florent, mais le résultat n'est clairement pas à la hauteur.
Ainsi, les dénommés Micky El Mazroui et Mustapha Benstiti, qui incarnent les deux rôles principaux, signent des prestations désastreuses (ce sera d'ailleurs leur seul film).
Argument promotionnel de "Raï", la star du X Tabatha Cash n'éblouit pas non plus par ses talents de comédienne (même si la belle ne manque pas de charme). Surtout que le duo avec son frère de cinéma ne fonctionne pas, plombé notamment par la différence d'âge.
Finalement, seul Sami Naceri laisse une bonne impression avec son personnage de junkie azimuté (malgré une nette tendance à surjouer).
Il faudra donc dépasser ce problème majeur pour pouvoir apprécier "Raï" à sa juste valeur, ce qui n'est pas gagné pour le commun des mortels.
En revanche, pour ceux qui l'ont découvert à l'époque de sa sortie, ce film générationnel demeure un souvenir assez marquant, par sa capacité à conjuguer comédie djeunz et diagnostic sans concession sur les problèmes de la banlieue.
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le 9 oct. 2021
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