Ah qu'il ne fait pas bon planter un personnage d'esthète de bon goût de nos jours.
Disney est de retour, et la critique s'enflamme, s'emballe un peu comme à chaque fois, perd le nord et se prend même au sérieux en louant le retour des chansons, même insipides et interprétées par des ados en pleine mue.
Raiponce catalyse les défauts de la maison Mère et divise : les critiques professionnels et les autres, les gens qui regardent.
Raiponce se présente comme un enrobage de promesses grandioses, servies sur un plateau magnifique plein de jolies couleurs qui filent à l'écran, au gré des aventures un peu niaises de nos héros, dans des décors enchanteurs et féériques comme Disney sait si bien les "inventer", le tout saupoudré de bons sentiments exacerbés, de rêves de gosses portés par des adultes ou presque, et d'intentions louables pour la plupart.
Mais tu vois, toutes ces couleurs et ces animations du tonnerre et ces gags foireux ne comblent pas les béances de l'histoire, la platitude des personnages, resucées (réussies) de toutes les sorties 3D de ces dernières années à la sauce Shrek, Megamind, et autres Pixar, ni l'ennui profond qui augmente au fur et à mesure que les scènes sans queue ni tête s'enchaînent, une fois qu'enfin, le film a daigné démarré.
Et le pire, c'est sans doute le déroulement de l'histoire, les situations absolument aberrantes (ton premier souvenir, à l'âge de 15 jours, c'est bon ?), la pirouette de fin qui rend la mémoire à la Princesse, et les justifications hasardeuses qui conduisent les scènes à se succéder. Disney a tout mis dans les effets spéciaux, et a oublié de payer les stagiaires scénaristes qui n'en ont rien eu à foutre et qui ont préféré jouer au ping pong plutôt qu'écrire. Résultat, les révélations se superposent sans aucun lien. Génial.
Raiponce ne s'adresse pas aux plus petits (qui n'y comprennent rien, et qui n'arrêtent pas de demander à voix haute à leur papa "Pourquoi il s'en va, pourquoi il revient, pourquoi elle change de couleur ?") car trop complexe, ni aux plus grands car trop fade. Alors, à qui s'adresse le film (à part aux actionnaires bienheureux) ?
Une promesse Disney non tenue, c'est comme une Fatality sans gerbes d'hémoglobine, c'est comme un dernier verre sans conclusion charnelle, c'est comme un beau Disney chatoyant en 3D avec une jolie blonde, de belles couleurs et une animation de grande classe qui n'emporte pas le spectateur en voyage à l'autre bout du monde, mais se contente de te faire monter en gare avant de déclarer la grêve et de bloquer les issues.
Raiponce, j'aurais voulu t'aimer, et c'est pas parce que t'as pas de seins que je regrette (et un joli derrière), c'est juste parce que ta voix et ta conversation et ta vie et tes amis de Fortune (foutus lézard et cheval) me donnent envie de t'arracher tes grands yeux Manga si peu originaux.