Pour son deuxième film en tant que réalisateur, Robert de Niro s'attaque à un sujet très ambitieux : le renseignement américain et la création de la CIA. Il nous offre une histoire fictive, en liant la création de la CIA à la société secrète controversée "Skull and Bones", connue pour son influence dans la vie politique américaine.
Le choix des acteurs est pertinent et il n'y a rien à dire là-dessus. Matt Damon, Angelina Jolie, Robert de Niro, Alec Baldwin ou encore Joe Pesci jouent parfaitement leur rôle et leurs répliques sont justes.
Le scénario est également bien pensé. On a affaire ici à un homme, Edward Wilson, recruté dans les services de renseignement à l'aube de la Seconde Guerre Mondiale. On voit tout au long du film la tension et la paranoïa constante qui règne au sein de la CIA. De plus, il est forcé de se marier à une femme qui l'a séduit car il l'a mis enceinte, alors qu'en réalité il ne l'aime pas. Ainsi, tout son idéalisme, où il pensait servir son pays et avoir une vie stable vole petit à petit en éclat, car comme je l'ai dit, il n'aime pas vraiment sa femme et il est très absent pour son fils. Travailler dans les services de renseignement devient ainsi impitoyable et empêche d'avoir une vraie vie de famille à côté. Tout cela, c'est le bon point du film.
On peut également citer le choix de narration, avec un rythme lent et tendu. L'éclairage est très souvent sombre, ce qui accentue la tension que connaît le personnage principal au fil du film.
La fin du film, et désolé si je spoil, où Edward découvre que c'est son fils, devenu adulte, qui a révélé le projet de débarquement de la baie des Cochons en 1961 à une femme vendue aux Soviétiques, est une idée très pertinente. Et même, lorsqu'Eward révèle à son fils qu'il a été obligé de faire tuer cette femme car elle en savait trop, cela donne une conclusion tragique et émouvante à leur histoire. C'est le point de rupture ultime entre Edward et son fils : Edward a choisi la CIA plutôt que sa famille.
Cependant, le point qui selon moi détruit le film est la fameuse lettre du père d'Edward. Depuis le début, il explique qu'il a conservé cette lettre depuis le suicide de son père, quand il avait 6 ans. Il s'est promis de ne jamais ouvrir cette lettre avant l'âge adulte. Et après avoir rompu définitivement avec sa famille, il ouvre la lettre. Et franchement, il n'y a rien d'intéressant. C'est pour cela que je parle de frustration. La lettre était le fil rouge du film et de la vie d'Edward. Or, la lettre ne nous apprend rien de plus. Les mots sont très vagues et je ne vois pas ce que cela change au film ou au destin d'Edward. En réalité, cette lettre n'aurait pas changé le scénario global du film.
Autre point négatif : 2h40 c'est un peu trop long pour un tel sujet. Surtout qu'on a parfois des scènes un peu trop rallongées, qui n'apportent pas grand-chose à l'histoire.
Ainsi, ce film est loin d'être un navet, bien au contraire. Mais la conclusion de l'histoire avec la lettre du père d'Edward gâche un peu le plaisir malheureusement.