Le coupable, c'est celui qui verse le "premier sang"

Rambo c'est les années 80. A l'époque, le (pas vraiment excellent) souvenir de mon service militaire était encore un peu frais et j'avais vu les Rambo 1 puis 2 avec un mélange de fascination/répulsion. Je n'avais pas éprouvé le besoin d'aller plus loin dans la série.


Et puis un peu moins de 40 ans plus tard, il a fallu qu'un contributeur de SC (qui se reconnaitra) fasse récemment une excellente critique des Rambo pour raviver quelques souvenirs enfouis loin dans ma mémoire et je me suis dit : faut que j'y replonge ...
Comme je ne fais pas les choses à moitié, j'ai trouvé un coffret des trois premiers Rambo (pour le prix d'un...) et, toute honte bue, je n'ai pas hésité.


Donc, je vais causer du N°1 : "first blood"
D'abord il faut dire que c'est tout sauf un film de guerre. C'est un film sur la guerre du Vietnam mais qui se passe aux Etats-Unis. Bigre !


John Rambo est un vétéran (béret vert, commando, sujet d'élite, etc ) revenu de la guerre du Vietnam terminée pour les Etats-Unis par un retrait peu glorieux du fait de la victoire de l'armée Viet-Cong et d'autre part par le rejet de plus en plus pressant d'une majorité américaine de cette guerre.
Et force est de constater que beaucoup de vétérans de cette guerre se retrouvent sur le carreau, complètement démunis, au chômage. Pas populaires car les gens ont vite fait de considérer ces vétérans comme des inutiles voire des parasites de la société. Sans oublier que le temps passé à la guerre n'est pas forcement un temps utile pour acquérir un métier.


C'est le cas de John Rambo qui erre de ville en ville pour tenter de renouer avec ses anciens copains de combat. Et le dernier venait de mourir d'un cancer (à cause du fameux agent orange).
Il est arrêté par la police d'une petite ville pour vagabondage. Devant son mutisme, les flics l'asticotent, le molestent ravivant de douloureux souvenirs de prison chez les viets. Le geste de trop fait réveiller la "machine de guerre" en sommeil qui fout en l'air le commissariat avant de s'enfuir torse nu mais avec son couteau (de légende). La suite du film sera la traque - inutile et ridicule - de plusieurs centaines de personnes (soldats, flics, tous amateurs) ne faisant pas le poids devant l'expérience du terrain de Rambo.


Au delà du scénario, le personnage de Rambo pose plusieurs questions.
- John Rambo a fait partie d'un corps d'élite, spécialement formé et conditionné pour survivre en toutes circonstances et pour s'adapter à n'importe quelle situation. En bref, pour tuer sans scrupule et sans état d'âme, dès lors que sa survie est en jeu. Lorsque la guerre se termine, quelle place peut-on réserver à une telle "machine" dans la vie civile?
A la fin, Rambo va craquer et pleurer comme un enfant perdu dans le giron du colonel qui l'a "créé".
Qui n'a d'autre solution que de le ramener dans un centre d'entrainement.
- Plus profondément encore, la nécessité d'un tel film ou peut-être de mettre en avant un tel héros, a peut-être paru s'imposer pour exorciser (soigner ?) la blessure restée ouverte du fait de cette défaite des Etats-Unis à l'extérieur. Le succès rencontré par ce film en particulier mais aussi les suivants légitiment en quelque sorte cette guerre. A un moment donné, Rambo s'écrie dans la scène avec le colonel Trautman (en substance) : si on nous avait laissé faire (sous-entendu, nous les commandos), nous l'aurions gagné cette guerre. Tout est dit.


Pour ce qui concerne le casting, Sylvester Stallone joue très bien son rôle de "machine de guerre" sur la défensive. Ce n'est pas du tout le "monsieur Sylvestre" des Guignols qui correspond plutôt aux films suivants.
Il est bien entouré par deux seconds rôles Richard Crenna dans le rôle mesuré (un brin goguenard) du Colonel Trautman.
Le flic, obtus mais sûr de son bon droit, à l'origine de tout ce tintouin est joué par un excellent Brian Dennehue


Dans les nombreux bonus du DVD, il y a une surprenante fin "alternative" où Rambo meurt tué involontairement par le Colonel Trautman. On a dû se dépêcher de l'oublier, celle-là devant le cash-flow ...
Il y a aussi une scène coupée au moment où Rambo bouffe sa patte de sanglier dans la grotte : il se remémore une scène dans un bordel au Vietnam où il profite du repos du guerrier avec une jolie demoiselle. Heureusement que la scène a été coupée.


Au final, Rambo est un très bon film surtout dans sa première partie jusqu'à la fuite de Rambo du commissariat. La seconde partie (la poursuite en forêt) est un peu plus conventionnelle mais reste très efficace. La dernière scène entre Trautman et Rambo est excellente.


A venir les critiques des Rambo 2 et 3

JeanG55
8
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Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Films de guerre - Vingtième siècle et Les meilleurs films de 1982

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le 10 juin 2021

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JeanG55

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