Après s'être bien défoulé dans les deux premiers films,John Rambo aspire au repos de l'âme en retapant un monastère thaïlandais.Mais son ami et mentor le colonel Trautman vient lui proposer de l'accompagner dans une mission périlleuse en Afghanistan pour y équiper en missiles les moudjahidines en guerre contre l'armée russe,dans une région en proie à la répression sauvage d'un colonel soviétique.Rambo,en plein trip peace and love,décline l'invitation et Trautman décide d'y aller seul,ce qui lui vaut de se faire cravater direct et d'être emprisonné dans une forteresse imprenable.Mis au courant,l'homme au bandana ne peut rester inactif et se précipite au secours de son frère d'armes.Ravis de leur triomphe,les patrons de la Carolco Kassar et Vajna étaient partis sur un cycle tri-annuel.Six ans après "Rambo",trois ans après "La mission",voici donc ce troisième épisode dont l'échec cuisant signera la fin de cet agenda commercial.Du coup il faudra attendre vingt ans et la sortie de "John Rambo" pour revoir le héros bodybuildé sur le terrain des opérations.Pas étonnant dans la mesure où "Rambo 3" est un foutu ratage totalement indigne des épisodes précédents.Il est vrai que le tournage a souffert de l'éviction de Russell Mulcahy,le réalisateur de "Highlander",remplacé au pied levé par le réalisateur de deuxième équipe Peter MacDonald.Viré par la Carolco pour les habituelles "divergences artistiques",il semblerait surtout qu'il ne se soit pas entendu avec Stallone qui s'était pris à l'époque,succès aidant,un gigantesque melon.Pourtant la partie technique n'est pas ce qui pêche le plus.Au contraire, c'est plutôt bien foutu avec des scènes d'action nerveuses et bien découpées,des effets pyrotechniques impressionnants et des décors majestueux,ceux du désert de Neguev en Israël,parfaitement mis en valeur,avec en prime une musique énergique et adéquate de l'excellent Jerry Goldsmith,compositeur attitré de la saga.Ce qui cloche est à chercher du côté du scénario,qui est comme de coutume signé Sylvester Stallone.Changeant de coauteur à chaque film,il s'est cette fois associé à Sheldon Lettich,collaborateur régulier de Van Damme, qui passera à la réalisation en 90 avec "Full contact".L'histoire est un décalque de celle de "Rambo 2".Un début qui voit notre héros se livrer à de menus travaux manuels,le colonel qui se pointe en compagnie d'agents gouvernementaux pour lui proposer une mission suicide clandestine dans un pays oriental contrôlé par les russes,John qui se faufile partout et truffe le camp ennemi d'explosifs,un colonel russe sadique adepte de la torture,surtout la gégène,des bombardements à partir d'hélicos,des prisonniers à libérer,bref on ne s'est pas trop foulé mais le résultat n'est pas le même.Si les agissements de JR dans les opus antérieurs étaient crédibles à défaut d'être réalistes,il n'en va pas de même ici.Certes,il utilise toujours les pièges et les camouflages,mais beaucoup moins qu'avant,préférant venir se colleter à découvert avec des ennemis très nombreux et supérieurement armés.Rambo décime ainsi une bonne partie de l'Armée Rouge sans trop se cacher,évitant adroitement des milliers de balles et de bombes.Il sera quand même blessé dans l'affaire mais,après la traditionnelle auto-chirurgie bien gore,ça ne nuira pas du tout à son rendement.Il se faufile dans le camp adverse truffé de gardes qui sont les seuls à ne pas le voir,il échappe aux tirs nourris,il charge à cheval,il pique des hélicos et des mitrailleuses,c'est n'importe quoi et on voit que Sly a lâché les élastiques et choisi d'occuper de manière envahissante le devant de la scène,nous faisant profiter largement de sa musculature qui a encore augmenté et qui se savoure torse poil.L'acteur est omniprésent,prend des poses avantageuses et tue le personnage qui disparait derrière lui.On nous inflige en supplément un abruti de gamin afghan qui colle au cul du héros car il veut absolument se battre.On prie pour qu'il se fasse descendre,tout en sachant que ça n'arrivera hélas pas.On se dit que finalement ça pourrait être pire,que les auteurs auraient pu délivrer un message propagandiste anti-russe et des analyses géostratégiques débiles.Quoi?Que dites-vous?Ah oui c'est vrai,ils l'ont fait.Cet aspect du film est d'ailleurs franchement énorme et pour tout dire comique,même si les évènements relatés ne le sont guère.Pas mal de choses sont historiquement exactes,bien que ça ne se soit évidemment pas passé exactement ainsi.L'URSS avait effectivement envahi l'Afghanistan en 79 et s'y était embourbée face à une résistance locale insaisissable,à la manière des américains au Vietnam.Et les USA s'étaient effectivement mis à aider,conseiller et armer les djihadistes afghans pour emmerder les ruskofs vu que la Guerre Froide n'était pas terminée et jetait ses derniers glaçons.La présence des soviets dans ce pays était certainement illégitime mais l'intervention américaine a été,comme c'est la règle,particulièrement stupide et néfaste.Une fois les russes partis,les djihadistes se sont retournés contre l'Occident et se sont attaqués à leurs amis ricains.Vinrent les attentats,avec en point d'orgue septembre 2001,suivi de la réaction yankee avec bombardements aveugles et ....invasion et occupation de l'Afghanistan,ce qui était reproché aux popofs vingt ans avant.Bien joué,l'Oncle Sam.Le film fait une retape insensée et sans nuance pour ces magnifiques combattants afghans,qui certes ne manquaient pas de courage,et nous régale de sentences belliqueuses et de folklore indigène à travers le personnage du chef des résistants,nommé comme par hasard Masoud,ou des parties de polo afghan,un sport local un peu particulier.Stallone et Richard Crenna sont encore là et ont des partenaires inattendus.Kurtwood Smith,avec sa gueule de psychopathe,joue un agent de la CIA qu'on voit très peu.Ce méchant emblématique du ciné ricain apparait là juste entre ses deux plus grands rôles puisqu'il venait d'être le criminel taré de "Robocop" et s'apprêtait l'année suivante à devenir le père psychorigide du "Cercle des Poètes Disparus".Masoud est joué par le grec Spiros Focas,titulaire d'une longue carrière internationale qui l'avait notamment vu 28 ans plus tôt incarner le frère aîné de Delon dans "Rocco et ses frères".Quant au français Marc de Jonge,on ne s'attendait pas à le trouver sous les traits du colonel Zayzen,l'antagoniste principal de Rambo.Ce comédien de second plan à peu près inconnu même chez nous,s'était surtout fait remarquer dans une pub pour Boursin.Sa mort sera tout aussi insolite que sa carrière puisqu'il périra prématurément en 96 en chutant lors de l'escalade de son immeuble parisien après avoir oublié ses clés dans son appartement.