"Rambo III" est vraiment un cas à part dans la saga. Le personnage ayant connu une puissante montée dans la testostérone et l'action, il fallait faire encore plus, toujours plus. Ainsi, moi qui regrettait le manque de finesse du précédent volet, imaginez ma joie ( enfin non, mon désarroi ) lorsque j'ai compris que le niveau global serait encore plus bourrin et basic. Bon, après le film est loin d'être mauvais, mais venant d'une saga si prestigieuse que celle de "Rambo", on était en droit de s'attendre à beaucoup mieux.
Malheureusement, on ne l'a pas eu : Stallone a opté pour une approche, une approche bien plus simple et directe, une approche pour laquelle il ne fallait pas se prendre la tête. Ainsi, il faudra vous attendre à ne pas faire dans la dentelle, à foncer dans le tas pour "tout péter", et à gueuler à tout va que "c'était pas votre guerre". Voilà le topo du film, grosso modo. Non, pas les acteurs. Comprendra qui pourra. Bon, après pour en revenir au film, c'est sûr que l'action est au rendez-vous, et surtout elle est de qualité. Pas de la qualité de maintenant ( soit dit en passant bien en déça de ce que l'on faisait dans les années 80-90 ), de celle d'avant, de la bonne, de l'ancienne, de la vraie.
Oui, je suis old school dans mes goûts, si vous ne le saviez pas. Et je dois bien l'avouer, malgré les réserves que j'avais par rapport au premier film ( encore que je pense qu'à présent, il faut vraiment songer à l'oublier ), qu'est-ce que c'était jouissif ! Mais autant défoulant que cela était, même la meilleure et la plus spectaculaire des actions ne pourra jamais faire oublier des défauts aussi importants. En effet, une fois passé les strasses et les payettes, il restera tout de même un peu de crasse. Pas de la crasse envahissante et que l'on ne pourrait repousser, seulement de la poussière.
En fait, c'est au scénario que le bas blesse. En effet, on sent encore plus la présence de la Guerre Froide. En soit, ce n'est pas un défaut, certes, mais pour qu'il n'en soit rien, il faut que ce soit bien fait. Et ici, vous aurez deviné que ça ne l'est pas. Les russes, les méchants très méchants, s'en prendront aux tous gentils civils, et le vraiment, vraiment, vraiment ( ! ) gentil Rambo, ce sauveur de notre humanité, viendra leur venir en aide, et casser la gueule à tout ce beau monde. Génial, on ne pouvait pas faire plus cliché, n'est-ce pas? Mais au moins, c'est bien, le niveau n'atteint tout de même pas celui du navrant "Street Fighter".
Mais s'il n'y avait que ça, ce ne serait pas si grave. Malheureusement, les incohérences sont elles aussi de la partie. Pas surprenant, me direz vous. C'est vrai, ce n'est pas surprenant. Ainsi, la fin sera des plus lourdes, pour ne pas dire l'une des plus lourdes que j'ai jamais vues dans le genre. En fait, elle est tellement incohérente et poussive qu'on n'en aura pas grand chose à faire. Personnellement, je l'ai trouvée inintéressante, car trop abusée.
Ou vous avez encore celle où Rambo se soigne, du grand n'importe quoi de la pire espèce. Stallone semble avoir oublié le message pacifique de son premier film pour n'en faire qu'un banal métrage de propagande, un film pro-US et anti-communiste, une oeuvre banale, stéréotypée et des plus communes. Il a même oublié que ce qui rendait attachant Rambo, c'était son côté humain et son instinct de prédateur. Auparavant, même dans le second, il existait une sorte de frontière entre les deux, une bonne gestion des deux aspects de personnalité de notre héros. Ici, quenenni mes amis, il n'en est rien !
Plus de frontière, plus rien de mesuré, Rambo devient un super-héros, et heureux sera celui venu ici pour voir un divertissement bourrin et idiot. Mais Rambo, ce n'est pas cela. Vraiment pas. On est à des kilomètres de la vraie vision du personnage, tellement qu'il en devient caricatural. Ainsi, il n'y aura plus de critique de la guerre, si ce n'est le fait que tuer des civils c'est mal, mais tuer des méchants c'est bien. Oui, pourquoi pas, c'est une conception des choses, c'est sûr. Que retenir de ce film?
Etrange instrument de propagande, ce troisième épisode décevra principalement de par sa portée sociale bien trop peu ambicieuse. L'action est bonne, quand à elle, et l'emporte largement sur la réflexion. Rambo devriendra, à partir de là, un personnage labelisé, la figure même de l'actionner complètement décérébré. Et pour vous dire, le mec bute la moitié de la population de l'Afrique en moins de deux heures. Voilà, c'est pas mal comme chiffre, hein? Le message du film? Il est simple et facile à retenir : Dieu aurait pitié, lui n'en a aucune.