Au comptoir d'un bar de Madrid, une femme et un homme qui ne connaissent pas entament une discussion sur tout et sur rien, tout en descendant une bonne quantité de bières. Serait-ce le coup de foudre qui pointe le bout de son nez dans cette comédie romantique existentielle ? Le début de Ramona, le premier long-métrage d'Andrea Bagney, dans un noir et blanc impeccable, distille un charme évanescent, quelque chose comme un croisement ibérique entre Woody Allen, Hong Sang-soo et la Nouvelle vague française. L'enchantement va pourtant quelque peu s’effilocher au fil des minutes, bien que la cinéaste ait peaufiné la forme : musique grandiose (Tchaïkovski, Beethoven), irruption ponctuelle de la couleur, mise en abyme (un film est en tournage). Centré autour des doutes de son héroïne, jeune trentenaire, tant sur sa vie professionnelle que amoureuse, le film conserve une certaine grâce mais sans acquérir de véritable consistance. Il parvient même à se répéter alors que sa durée n'excède pas les 80 minutes. Ceci étant, il possède un atour indéniable en la personne de l'exquise Lourdes Hernández, plus connue en tant que auteure-compositrice et chanteuse, sous le nom de Russian Red. Son interprétation sensible et délicate de Ramona vaut bien que l'on s'attache à ses pas hésitants, dans les rues et les appartements madrilènes.