Ramona est un cocon où l'on retrouve autant la douceur d'un quotidien presque banal, qu'un hommage au grand cinéma d'époque, voire au conte, dans ses velléités dramatiques et ses histoires d'amour impossibles, dans sa bande son qui emprunte aux bouleversants ballets de Tchaïkovski (sans coïncidence) ou au concerto de Beethoven, dans son noir et blanc granuleux, son art du cadre et des gros plans sublimes qui magnifient les personnages, dont on ne se lasse pas de tomber perpétuellement amoureux.
Avec ce portrait de femme et ses réflexions sur l'amour, Andrea Bagney, dont c'est le premier film et dont on scrutera attentivement la suite de la carrière, ne cache jamais, mais toujours sans prétention, ses références aux plus grands (entre Fellini et Allen qu'elle cite allégrement), tout en s'inscrivant à merveille dans la nouvelle génération de cinéastes espagnols d'inspiration rhomerienne, Jonás Trueba en tête, avec qui elle partage certains comédiens, sa fascination pour le film dans le film et son intérêt pour les palpitations de la jeunesse.
Ce film à toute vitesse mais jamais précipité qui capte avec tant de justesse ces trentenaires madrilènes dans lesquels on se reconnaît, a quelque chose d'aussi contemporain, dans ses préoccupations sociétales (sentiment de devoir trouver sa voie dans le chaos d'un monde sans repère, questionnement sur l'enfantement) qu'universel (peur des choix et questionnements amoureux).
Léger et grave, commun et sensible, drôle et touchant, populaire et auteuriste, sans jamais cesser d'être beau, Ramona est vrai de la plus simple des manières et d'une évidence pure, laissant l'émotion saillir à plusieurs reprises.
Et cette grâce, cette vérité, touchent droit au cœur.