Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas vu un film le jour de sa sortie... Non pas que ce « Raoul Taburin » m'excitait outre-mesure, mais la bande-annonce comme le sujet m'avait paru plutôt sympa, le séduisant casting étant assurément un plus. Hélas, ce qui paraît charmant sur deux minutes l'est beaucoup moins sur 90. C'est assez logique, au fond : en y pensant, difficile de se captiver pour un homme dont la grande angoisse existentielle est de passer pour un cycliste génial alors qu'il ne sait même pas monter. OK, on peut avoir un semblant de sympathie pour ce « mensonge » fait bien malgré lui et construit sur divers événements fortuits, mais une heure et demie, quoi... D'autant que niveau emballage, difficile de faire plus plat : narration linéaire, rythme mou, dialogues démonstratifs et manquant de naturel, à l'image d'une voix-off sympathique mais vite envahissante
(les petites plaisanteries autour d'un mot remplacé par un nom de famille : c'est d'un pesant)...
Philippe Godeau, même en proposant un univers non dénué d'un charme discret et de personnages sympathiques, a vraiment du mal à trouver le ton juste, l'ensemble apparaissant poussif, voire légèrement ennuyeux, les prestations décevantes de Benoît Poelvoorde et Suzanne Clément (à moins que ce ne soit la fadeur de leurs rôles, ce qui est possible) s'y intégrant totalement, seul Édouard Baer apportant un peu de légèreté, de décontraction bienvenues. Reste une poignée de jolies scènes
(Raoul s'envolant dans les airs avec son vélo),
la touchante relation avec son père, joué par un excellent Grégory Gadebois
(je note qu'une fois disparu, le récit perd beaucoup de son intérêt)
ou encore un visuel très « à l'ancienne » habilement restitué. Bref, voilà une œuvre ne suscitant aucune antipathie, mais tellement plate presque à tout point de vue qu'il est difficile d'y trouver une réelle satisfaction : pas vraiment maillot jaune, le Raoul...