Le petit ciné du coin a eu la bonne idée de jouer ce Kurosawa il y a peu. L’occasion rêvée pour aller mater ce film dit « culte ». En fait, il est surtout connu pour l’effet du même nom qu’il a inspiré et qui s’est retrouvé exploité sous différentes formes ultérieurement. Et qu’est-ce donc ? Il s’agit de raconter un même évènement selon différents point de vue (ha oui?). C’est donc dans cette idée-là que je suis rentré dans la salle.
Dans une cambrousse du Japon médiéval, un crime a été commis et un cadavre retrouvé. Face au juge, différents protagonistes vont défendre leur explication des évènements devant un public attentif. Chaque récit sera illustré à l’écran.
Le meilleur n’est pas pour la fin, il est au tout début. Dans ce qui est presque du théâtre filmé, la scène est d’abord ce vieux bâtiment délabré et cette pluie battante. Un cadre dans un cadre. Là, des personnages désemparés font un retour du procès qui vient d’avoir lieu et rapportent à un autre larron les propos tenus. Ce théâtre minimaliste fonctionne plutôt bien et entretien son suspens. Les récits du meurtre se suivent donc et là, c’est nettement moins heureux. Les personnages sont grossiers, idiots, gauches. Ils éructent plus qu’ils ne parlent. Ils se battent en étant à peine capables de faire trois pas sans se casser la binette. On dirait un concours de galipettes. Leurs attitudes ne paraissent pas non plus d’une logique limpide. Et la musique, un boléro, est casse-bonbons au plus haut point. Ce n’est pas mieux du côté de l’interprétation et de ces personnages particulièrement désagréables. Pas grand-chose à tirer donc de ces scènes pénibles et longuettes. Les scènes de procès sont nettement meilleures, cardées juste et surtout celle du médium. La conclusion s’en sort elle aussi un peu mieux par sa réflexion sur la nature humaine. Reste que l’ensemble est lourd.
Au final, c’est déçu que je suis sorti de la salle. L’effet tant décrit n’est pas celui auquel je m’attendais et c’est probablement une incompréhension de ma part du concept (j’y voyais une traduction visuelle du point de vue de chacun alors qu’il s’agit ici de trouver le menteur …). Surtout, l’ensemble est lourd et pénible. Quelques jolis plans certes mais ils ne vont pas sauver cet ensemble faiblard.