A l'époque du film de Decoin, le trafic de drogue est encore un délit marginal et ses conséquences ne semblent pas avoir l'ampleur, sociale et humaine, d'aujoud'hui. Henri Decoin s'attache à décrire les mécanismes qui régissent les organisations de trafiquants et, parfois avec réalisme, à exposer la faune interlope qui gravite autour, notamment les toxicomanes.
A l'image de Jean Gabin, chef de gang étonnamment moral, au point qu'on peut deviner derrière son activité et son personnage énigmatique sa véritable fonction, le film est d'une grande sobriété. Plus porté sur l'atmosphère générale et sur les protagonistes que sur le mouvement et l'action, le récit se décline, imperturbable, dans un langage argotique où Gabin et les autres (dont Lino Ventura) se montrent fidèles à cette tradition populaire et parigote propre au film de gangsters de l'époque.