Ultra-conventionnel, sans surprise, long, lourd et parfois assommant, le film est la démonstration que Spielberg n'est plus capable de réaliser de grands divertissements comme il a pu le faire avec les Indiana Jones dans les années 80, auquel Ready Player One fait plusieurs fois référence.
Cela fait fort longtemps que je n'ai pas vu un héros aussi insipide et transparent, une romance aussi bâclée et attendue (20 minutes après leur rencontre il lui dit je t'aime...) et un méchant aussi risible (qui est effectivement tout droit sorti des années 80 : le vilain PDG qui ne pense qu'à l'argent contre les geeks). Le film n'est jamais incarné, les avatars ont même parfois l'air plus humains et vivants que les personnages réels (ce qui pourrait être vertigineux si c'était voulu et poussé jusqu'au bout, mais en l'espèce ce n'est que de la paresse d'écriture hollywoodienne). Je passe aussi sur le cliché du créateur de jeux vidéos geek et asocial, éternel puceau, de même que sur la petite leçon humaniste de la fin très peu originale.
Le déluge de références n'a vraiment que peu d'intérêt et relève de la pure complaisance qui permet de satisfaire le spectateur à peu de frais en lui faisant du pied avec des clins d'oeil à ses films cultes. Et le pire c'est que ce sont des citations aseptisées : quand on est dans l'Overlook hôtel de Shining, on a bien la vague de sang (qu'on prend en pleine figure, seul moment jouissif du film) mais quand on rentre dans la scène de bain, Spielberg prend bien soin de cadrer la femme de telle façon à ce qu'on ne la voit jamais nue (ni sein, ni pubis, exactement comme dans Austin Powers, l'ironie en moins) alors que chez Kubrick ça rajoutait évidemment au malaise. Une nouvelle preuve que si Hollywood n'a depuis belle lurette plus de problème à montrer des hectolitres de sang dans des films quasi tous publics, il demeure toujours paniqué par le plus petit bout de sein. Dans le même genre, le défaut physique de Samantha est particulièrement risible. On nous fait comprendre au début via son avatar que le personnage réel pourrait être laid ou disgracieux ou que ce serait un mec, on finit par découvrir l'ampleur de sa tare physique : elle est belle mais a une tache de naissance. La singularité selon Hollywood, ridicule.