Après environ trois ans d'absence, Steven Spielberg revient en 2018 avec non pas un mais... deux films, dans des registres pour le moins différents. Après le politico-historique « Pentagon Papers », le blockbuster de science-fiction avec « Ready Player One », m'ayant conquis à bien des égards. Il y a une énergie, un amour des images et du cinéma (sans doute bien plus que du jeu vidéo) qui a quelque chose de presque émouvant. Constamment foisonnant, bourré de références en tout genre sans jamais manquer de personnalité, on est très vite plongé dans cet univers immersif au possible, aussi fascinant qu'inquiétant à bien des égards, le cinéaste n'ignorant nullement les dangers et dérives d'un univers aussi vaste et connecté.
Les hommages sont parfois saisissants, le plus marquant restant, évidemment, celui de
« Shining »,
partant d'une mise en abyme pour réinventer le cadre et les personnages mythiques de l'hôtel pour un suspense totalement différent et assez dingue. Surtout, l'œuvre revient à un objectif pas mal perdu au cinéma ces dernières années : la quête. À la fois extrêmement cinégénique et parfaitement dans la logique des jeux vidéo, celle-ci s'avère fort stimulante et parfois surprenante, comme en témoigne l'une des dernières scènes où l'on comprend bien que cet inventeur passionné qu'évoque Spielberg, c'est en grande partie lui... Oui, le méchant est faible, certaines scènes d'action plus classiques, ce déluge de numérique peut rebuter, mais lorsqu'il s'agit d'un tel maître du septième art qui est aux manettes, on s'en rend à peine compte.
D'autant qu'à travers cet univers imaginaire, c'est également de notre société dont l'auteur d' « E.T. » parle, de ses apparences, parfois pour le meilleur, d'ailleurs. Et quitte à me répéter, même si cela « flatte » aussi l'ego, voir autant d'allusions pop dans un grand spectacle, souvent intégrées malicieusement (et un peu lourdement, parfois) sans jamais perdre de son aura, le tout délicieusement accompagné par une bande-originale « so 80's »
(Van Halen pour débuter, Hall & Oates pour conclure, on fait pire)…
Un de mes gros coups de cœur 2018 pour une œuvre que j'attendais avec impatience et s'est avérée pleinement à la hauteur : merci, M. Spielberg.