Rah mais oui ! Oui ! Trois fois oui !
Ah mais que c’est bon !
Par contre, je pense qu'il s'impose de mettre les choses au clair pour ceux qui ne le connaitraient pas : Quentin Dupieux n’est clairement pas un cinéaste comme les autres : son cinéma est clairement perché, explorant totalement l’absurde, à la limite du non-sens. Donc, c’est évident, il en laissera bien davantage sur le carreau qu’il n’en émoustillera les papilles comme ce fut mon cas.
Et pourtant, il ne faut pas croire : je ne suis pas un inconditionnel du bonhomme.
« Steak », « Robber » ou « Wrong » ne m’avaient pas totalement conquis : je trouvais justement que son exploration de l’absurde se cassait vite la tronche, faute de renouvellement, et surtout faute d’un réel jeu d’équilibrisme entre logique et non-sens.
Certes, avec son dernier « Wrong Cops » j’avais trouvé là ma perle rare, considérant qu’enfin Quentin Dupieux était parvenu à atteindre ce merveilleux point d’équilibre.
Je craignais d’ailleurs qu’avec ce « Réalité », l’ami Dupieux retourne explorer ses foutraqueries d’avant.
Il n’en a rien été. Au contraire.
Avec ce film, il continue dans cette logique de jeu d’équilibrisme que, pour ma part, je trouve totalement réussi.
Pourtant, je l’avoue, il m’a fallu un certain temps pour me laisser prendre.
Certes, formellement le film était très réussi, et les séquences observées délicieusement absurdes, bâties dans une logique assez subtile et pas trop outrancière.
Seulement voilà, je trouvais l’exercice presque trop facile.
Je ne voyais pas cette ligne d’horizon qui me permet d'habitude de me projeter totalement dans une oeuvre.
Et là – paf ! – sur le deuxième tiers, le vortex commence à opérer.
A partir de ce deuxième tiers, Dupieux s’amuse à combiner, justifier, relier, entremêler l’ensemble de ses éléments à la recherche d’un sens qui semble là et qui nous échappe pourtant totalement.
La machine est dès lors irrémédiablement lancée et le film ne cesse de pousser de plus en plus loin sa logique, me captant totalement au passage.
Ce que je trouve énorme dans ce film, outre sa patte formelle admirable et ses idées visuelles incroyablement judicieuses, c’est cette inspiration presque lynchéenne que Dupieux sollicite pour construire cet espèce de piège de l’esprit.
Or, de la construction lynchéenne associée aux délires de l’ami Quentin, le tout mêlé dans une sorte de réflexion à l’égard du cinéma et du rapport au réel, moi ça fait un mélange qui me fait grimper au rideau.
La montée en puissance fut telle que j’étais presque en apnée sur le final tant je l'ai trouvé abouti et remarquablement efficace.
Rah mais voilà quoi !
Du cinéma aussi inventif et malin, moi j’en redemande plus que jamais !
Alors merci Quentin Dupieux d’exister.
Vraiment merci…