Quentin Dupieux ne retrouvera sûrement plus jamais le génie de ses débuts, mais ‘Réalité’ rapporte un peu d’espoir après le très moyen ‘Wrong’ et le très lamentable ‘Wrong Cops’. Le film est loin d’être excellent, mais on comprend peut-être enfin ce que le réalisateur a désespérément essayé de faire avec ses deux précédents films.
L’univers cotonneux, la fausseté des personnages, l’absurdité des rencontres : tout ce sur quoi reposait ‘Wrong’ et ‘Wrong Cops’ sert ici une intrigue, ou du moins s’inscrit dans un sketch à grande échelle. On retrouve alors le plaisir de se malmener soi-même l’esprit en essayant de démêler une toile de récits volontairement inter-déconnectés.
Quentin Dupieux nous entraîne avec brio dans une spirale d’absurde, où le non-sens s’insinue d’abord subtilement comme autant de faux-raccord, jusqu’à ce que la cohérence soit poussée dans ses retranchements. Univers parallèle, rêves imbriqués, schizophrénie : le spectateur a beau tenté de rationaliser le récit, c'est un véritable enchantement de se laisser dépasser en douceur jusqu’à un final génial, à la fois grandiloquent et potache. ‘Réalité’ est incohérent, sans être inconsistant.
On regrettera évidemment quelques longueurs, le personnage de Henri qui n’apporte pas grand-chose, et une bande-originale un peu facile quand on connait le talent du réalisateur-compositeur.
Heureusement, le casting est rafraichissant. Alain Chabat est vraiment plaisant, Jonathan Lambert est extraordinaire, et le casting américain s’est un peu renouvelé, notamment avec le plaisant Jon Heder.
Un Oscar du meilleur gémissement de l’histoire du cinéma mérité.