Le film de Dupieux, comme la Réalité qui lui file gentiment son nom, se définirait plutôt mieux par tout ce qu’il n’est pas. C’est pas un film nombriliste français chiant - mais y’a Elodie Bouchez - c’est pas une connerie hollywoodienne standardisée - mais y’a des chasseurs dans la forêt et des surfeurs sur la plage - c’est pas un film d’horreur - malgré le sang - ni une comédie psychologique - pourtant on passe son temps dans la tête des gens.
Ce n’est pas le Mépris, mais une secrétaire traduit toutes les insultes du producteur au réalisateur en salle de projection, ce n’est pas Inception - mais à force de rêver dans les rêves des autres plus personne ne parvient à se réveiller - ce n’est pas Koyaanisqatsi mais y’a du Philipp Glass tout le temps, ce n’est pas Ring mais les cassettes vidéo y sont retorses.
C’est plutôt comme un puzzle sans solution, une arête sans poisson, un eczéma sans boutons, un sanglier sans polochon, un suppositoire sans précaution, ou un cri sans le son. Impossible de le raconter sans l’abimer, de l’expliquer sans le réduire, de le résumer sans le spoiler, de le regarder sans frémir, ou de s’y perdre sans se réjouir.
Et en sortant on se dit que la Réalité, comme le film de Dupieux qui lui file gentiment son nom, est une chouette illusion... Et après tout tant pis si elle n'existe pas.