Une jeune femme inexpérimentée se laisse séduire par un riche veuf, qui l'emmène vivre dans son château anglais. Sauf que le spectre de la première épouse semble planer en permanence... Pour son premier film américain, Alfred Hitchcock nous livre une œuvre intelligente et profonde, qui oscille assez brillamment entre plusieurs genres.
"Rebecca" est en effet de premier abord un drame, fort bien joué et filmé avec soin. Puis, l'ambiance malaisante et pesante du château laisse presque place à un film d'horreur ! Une Joan Fontaine excellente en nouvelle maîtresse de maison qui n'ose pas assumer ses fonctions ; des décors à la fois massifs, vides et imposants, qui écrasent cette protagoniste ; une photographie soignée avec des éclairages contrastés à souhait ; et une mise en scène qui joue à merveille avec la tension, et le personnage ambigu de Judith Anderson.
Tandis que le dernier acte s'oriente vers le thriller que l'on pourrait qualifier aujourd'hui de typiquement hitchcockien : un suspense très efficace, des rebondissements en série, et un George Sanders qui semble beaucoup s'amuser en jouant une belle ordure cynique. "Rebecca" est donc un film complet, qui n'a rien perdu de sa force malgré son âge. Même s'il on atteint pas les sommets du cinéma de Hitchcock, c'est tout de même une réussite.