Il paraît qu'il existe une Snyder cut de quatre heures. Elle est sans doute meilleure ; elle n'est probablement pas bonne.
Car on trouve quelques idées, dans Rebel Moon ; malheureusement, on a le temps de s'ennuyer entre elles, et elles suffisent à peine à re-soulever la paupière qui s'abaisse au fil du visionnage.
Le scénario est tellement, absolument prévisible. Un personnage qui n'a jamais été développé et qui n'avait dès le départ aucune raison d'aider parle soudain de redevenir un homme d'honneur ? Laissez-moi deviner… C'est un traître, hein ? L'héroïne a un père chez les méchants ? Laissez-moi deviner… C'est le régent, hein ?
Quelques répliques marchent, on sent que Snyder a l'intuition de ses thématiques — mais qu'il manque un énorme travail de dégrossissage à l'ensemble. Les personnages fonctionnent sur le papier : si on lisait leur histoire dans un codex à la Mass Effect, on pourrait être intéressé. Hélas ! ils sont à l'écran. Ils n'interagissent pas, ne sont développés en aucune manière, et ne sont jamais à la hauteur de leur réputation (pourtant inlassablement répétée par divers autres personnages, comme si le spectateur carburait à la méthode Coué). Ils ont seulement droit à une scène d'action au rabais pour toute présentation — invariablement.
Même constat pour l'univers : il suffirait à un conte ou à un épisode de série ; pas à un film qui laisse à son spectateur tout le temps d'en voir les coutures.
Quand au récit… Rien n'est crédible. Des soldats de la résistance aident un petit dealer à décharger sa cargaison. Des paysans obtiennent une audience avec le roi d'une planète, sur simple demande. Les personnages ne se souviennent jamais que les armes de tir sont plus utiles à distance qu'au corps-à-corps. Et je ne compte pas le nombre de fois où ils se sortent de situations impossibles par la magie des pirouettes (comme d'habitude dans ce genre de naufrage : les méchants ne peuvent pas réagir tant qu'ils sont hors champ !).
Mais surtout : un petit village agricole veut organiser une résistance contre une armée capable de détruire des planètes. L'invraisemblable est partout. J'ai eu beau essayer de tout mon cœur, impossible de croire à ce film.
L'ensemble est d'une lourdeur abrutissante : les ralentis, la musique, le jeu d'acteur, la photographie jaunâtre, les lens flares, la lenteur du récit, les cadrages… Je sais bien qu'on ne regarde pas un Zack Snyder pour sa subtilité ; mais enfin, d'habitude, il y a au moins quelques images à sauver. Cette fois-ci, en dehors d'un moment de tendresse entre une jeune fille et un vieux robot fatigué, il n'y a rien à voir.
Le cliffhanger de série Z aura au moins eu le mérite de réveiller mon sourire, sinon mon intérêt.