Rebel Moon ou pourquoi Star Wars c'est génial

"Zack Snyder fait son Star Wars"

Même si j'ai du mal avec la filmographie de Snyder, la sortie d'un ambitieux space opera ne pouvait me laisser de marbre. Le dernier Star Wars datant de 2019 et les séries dérivées ne m'ayant guère convaincu, j'attendais Rebel Moon comme un crack head qui attend fébrilement sa dose. Ce fut donc dans un état d'excitation mêlé d'une crainte non feinte que je m'installais devant Netflix, désireux d'être gavé jusqu'à plus faim. Et le pitch avait de quoi m’appâter. Des fermiers sur une petite planète, attaqués par un pouvoir despotique, qui font appel à des rebelles pour les défendre, j'en salivais d'avance. Le tout accompagné par des vaisseaux spatiaux, des extraterrestres, des pseudo sabres laser, des blasters, de la bagarre, des robots... En intraveineuse direct. Sauf que...

C'est moche. Non, pardon, c'est pas le mot. C'est absolument dégueulasse. Tout relève d'un mauvais gout élevé au rang d'art. Au-delà de la technique pure, avec une photo crado, des couleurs marronnasses et des flares insupportables, les designs sont ultra laids et semblent tout droit sortis d'un clip des années 70. Dès le début du film, dans le village des paysans, on a cette planète à anneaux en fond, qui est d'un kitsch confondant. Tout semble daté, ringard, surtout après le visionnage de The Creator, sorti quelques mois plus tôt. Du côté des extraterrestres, c'est pareil ; il s'agit de vagues imitations de ceux de Star Wars, mais en version wish. Mention spéciale à la femme araignée, qui est super moche. C'est du vu et revu mais en pas beau. Mais, me direz-vous, qu'en est-il des vaisseaux ? Parce que c'est bien là le plus important dans un space opera. Et bien, il n'y a rien d'inventif. C'est banal ; des formes phalliques d'un morne gris déprimant. Et on ne peut pas dire que les effets spéciaux les mettent en valeur. Certains effets sont carrément hideux, avec des incrustations qui piqueraient les yeux d'un aveugle. On pourrait citer l'arrivée sur la planète Levetica, qui semble tout droit sorti d'une cinématique d'un jeu PS1. D'ailleurs, ce n'est pas le seul point commun qu'entretient Rebel Moon avec le jeu vidéo, mais on y reviendra... Pour finir d'enterrer la technique, un mot sur les combats ; c'est super mou. Bon, aucune surprise avec Zack, on se tape des tonnes de ralentis, ce qui était surement cool en 2010 mais en 2024, on baille.

Bon, d'accord, c'est moche. et techniquement dans les choux. Mais l'histoire, alors ? Vaut-elle le coup ? Non. C'est écrit comme la trame d'un jeu vidéo, sans réelle cohérence entre les niveaux/chapitres. On passe de planète en planète pour recruter des gens. A chaque planète, péripétie, la nouvelle recrue montre l'étendue de ses pouvoirs et hop, au suivant.

"Bonjour, vous voulez nous rejoindre pour la bagarre contre les méchants svp.

- Heu non, désolé.

- Si si, c'est important, on est des payans, svp svp svp.

- Allez ok

Et évidemment, les péripéties n'ont aucun sens et se révèlent inutiles. On a donc un sacré baraqué, toujours torse nu, qui chevauche un genre de griffon moche, pour gagner un pari et quitter un gros qui le retient emprisonné ; ça n'a pas de sens. Toutes ces scènes d'action inutiles sont d'ailleurs au détriment de l'écriture des personnages. De tout l'équipage, aucun ne sort du lot puisque leur caractérisation se borne à leur technique de combat. La conséquence évidente est un manque d'émotions et d'intérêts pour eux.

L'un des enjeux, pour le premier film d'une saga, c'est de poser les bases de l'univers, de définir la diégèse. Bon, bah là, évidemment, service minimal. Apparemment, il y a un sénat. Mais pas beaucoup d'autres info' à se mettre sous la dent. Tant pis ? Et oui tant pis parce que regardez, on a une jedi de wish avec des pseudo sabres laser qui se bat contre des méchants mal habillés, avec une musique qui fait boom boom en fond. Fatigue.