Disney et Pixar auraient-elles décidé que leur lune de miel était terminée ? Si le mariage perdure, quelle que soit la forme qu’il revêt, les moments de bonheur et d’insouciance où l’inspiration foisonnait et où les pierres soulevées ne recelaient que d’énormes nids de vitalité semble se tarir.
Ce long métrage Disney-Pixar, que l’attente chez certaines personnes, impatientes comme à chaque fois que les génies de Pixar réalisent quelque chose, trépignant comme les gosses émerveillés d’avoir rencontré le père noël, aura contraints de troquer leur esprit critique contre une mise au pas en direction d’une glorification systémique, ne tient pourtant presque aucune des promesses auxquelles nous avons été habitués.
L’histoire prend place cette fois-ci dans un mignon et coloré univers médiéval fantastique écossais, où les hommes sont de gros costauds difformes en kilt et les femmes de frêles créatures en robe (ou des boniches stupides à gros seins).
Comme toujours chez Pixar, la technique est irréprochable et en dépit d’un univers moins travaillé que d’ordinaire, on n’a de cesse d’écarquiller les yeux devant la maîtrise qui semble infinie des jeux visuels, des effets lumineux, de la dynamique d’un point de vue 3D ou de la chevelure de l’héroïne, broussailleuse rouquine revêche (et rebelle, ou brave en anglais) qui n’en fait qu’à sa tête du haut de ses quatorze ou quinze ans.
Autre point où Pixar est rarement prise en défaut : la musique. Discrète, elle colle parfaitement au monde et souligne délicatement l’action de ces peuples bourrus et guerriers qui ne vivent que par l’épée.
Pour le reste, au mieux les choix esthétiques et de script sont bancals, au pire ils sont douteux. Il n’y a rien de plus chiant qu’une minette de quinze ans, toute rousse qu’elle soit. Hormis le choix du cadre, déjà vu, le chara design, caricature de lui-même, et le scénario, classique et léger, le premier degré permanent (l’adolescente en crise, la chevalerie ridicule, les «oh maman pardonne moi») qui tue le plaisir. Pire encore, l’histoire s’affranchit, via une magie idiote et convenue, de toute cohérence scénaristique, la brume abrogeant les distances, le fantastique faisant disparaître après une scène des personnages qui jouent un rôle central, renvoie les légendes à de vulgaires gimmicks remplissant les temps morts, dans une succession décousue de blagues pas drôles.
Si être rebelle, c’est être autant convenu, consensuel et creux, les réactionnaires ont bien raison de s’en approprier le caractère.