A la suite d'un caprice, un seigneur local va provoquer une cascade d'événements au sein d'une famille vassale. Qui commencera à en avoir assez de la tyrannie... Je n'en dis pas plus sur le récit, qui est l'un des atouts majeurs de ce film de samouraïs.
En effet, l'intrigue mêle histoire d'amour, statut social, et surtout politique ! Ou comment le devoir et le respect des règles ne sont que des outils pour qu'un tyran puisse assouvir ses désirs & besoins, au mépris des sentiments de ses sujets. Tout est finement mené, avec d'excellents dialogues et des situations aussi subtiles que tragiques. Si bien que l'on ne s'ennuie jamais, alors même que les sabres ne sont croisés que dans les 20 dernières minutes !
Outre cet excellent scénario, la mise en scène de Masaki Kobayashi est très inspirée. Le bonhomme offre quelques idées affutées (dont ce plan d'introduction, parvenant se focaliser tantôt sur le protagoniste, tantôt sur sa lame). Et des combats sauvages dans le dernier acte.
Mais de manière générale, c'est tout le film qui apparait pleinement maîtrisé. Un peu comme chez Akira Kurosawa, il y a un énorme travail dans les compositions et les postures des personnages, symétriques et picturales, qui renforcent (voire assurent) toute la narration. C'est d'autant plus important ici que les trois quarts du film sont constitués de discussions en intérieur.
A voir par exemple, un séquence de flashbacks imbriqués, qui aurait pu devenir illisible, chaque flashbacks reprenant des personnages et décors similaires. Sauf que la science du montage et des angles de caméras permet de ne jamais être perdu !
Question acteurs, Toshiro Mifune pète la classe, comme souvent (toujours ?). Il incarne un protagoniste particulièrement intéressant. Une fine lame, endormi par un mariage arrangé, un statut pépère et une épouse mégère. Il se réveillera peu à peu de manière inattendue...
Tatsuya Nakadai, habitué de Kobayashi et des films de samouraï en général, voit sa prestance utilisée à bon escient dans un rôle court mais important pour l'intrigue. Yoko Tsukasa n'est pas en reste, ayant quant à elle un rôle fondamental.
Bref, du tout bon.