Que luego con tanta cámara al hombro, no hay Dios que lo vea
« Avec la caméra à l’épaule, on n’y voit que dalle ». Après quelques minutes, par l’intermédiaire du caméraman professionnel qui doit immortaliser en vidéo le mariage, le réalisateur espagnol Paco Plaza s’affranchit de la ligne artistique décidée depuis le premier Rec avec son collègue Jaume Balagueró.
Cette fois-ci en solo, Paco Plaza semble tenir en horreur cette technique cinématographique qu’il délaisse au bout d’une quinzaine de minutes pour laisser place à une réalisation plus traditionnelle, non sans avoir offert auparavant au spectateur les pires plans que le style « caméra à l’épaule » ait pu produire. Même « Le projet Blair Witch » passerait pour un chef d’œuvre.
Mais le virage brutal que représente ce « Rec 3 » dans la saga n’est pas simplement dû à cette nouvelle réalisation. Paco Plaza laisse son imaginaire gore se déployer comme jamais auparavant, proposant au passage mille et une références au cinéma horrifique. Certains accuseront Plaza de multiplier les clichés du film de zombies, d’autres jugeront que l’espagnol livre un bel hommage aux façonneurs du cinéma gore comique comme Sam Raimi (les « Evil Dead ») ou George A. Romero.
Comique car il est impensable de ne pas rire devant certaines scènes, les références cinématographiques et les choix scénaristiques effectués. Ainsi, les personnages tueront des zombies à coup de tronçonneuse, de petit mixer, d’épée qui a servi au préalable à couper le gâteau de mariage ou encore de masse médiévale. Les protagonistes seront aussi à peine plus attentifs qu’un enfant de trois ans devant un film de Godard en se promenant sans armes, ou pire, en oubliant celles-ci, plantées dans le corps d'un mort vivant, les laissant sans défense ou bien en mettant les pieds là où il ne fallait pas et se faisant attraper quand d'autres se seraient déjà échappés.
Pour autant, malgré ses nombreux défauts, « Rec 3 » s’avère intéressant par son côté assumé. Si le genre a sans doute déjà vécu ses heures de gloire et qu’il ne surprendra plus un spectateur du XXIe siècle habitué à un cinéma d’horreur plus sombre et réaliste, Paco Plaza se veut suffisamment novateur pour qu’on passe un bon moment. Mélangeant les références du passé à ses trouvailles du présent, le réalisateur espagnol hisse son film à un niveau étrangement sympathique où un amour aussi ridicule que touchant tente de résister à l’horreur qui l’entoure.
Un pur paradoxe du cinéma gore renouvelé avec réussite par Paco Plaza. Si vous êtes quelque peu enclin au genre, ne résistez pas à l’appel des giclées de sang. D’une durée plus que courte (à peine quatre-vingts minutes sans le générique), vous ne perdrez de toute façon pas votre temps.