Dans un village du Japon d’après-guerre, un petit garçon abandonné est recueilli à contrecœur par une veuve grincheuse, qui espère d’abord le perdre ou le voir partir, le sermonnant constamment sur ses moindres faits et gestes, jusqu’à lui attribuer des vols qu’il n’a pas commis, mais qui peu à peu, sans vraiment l’avouer ni se l’avouer, s’attache à lui.


     Comme à son habitude, Ozu fait vivre ce quartier pauvre de Tokyo au moyen de personnages passionnants mais surtout d’une mise en scène subtile dont il a le secret, aussi bien dans les intérieurs que dehors, dans les rues dévastées ou les plages infinies. À l’image de ces plans récurrents, de ce drap souillé par l’enfant, en train de sécher ou de ces rangées de kakis, chaque plan est une merveille à lui seul.


     C’est un film grave, sur deux âmes esseulées, qui s’adoptent l’un l’autre, traité avec l’infinie douceur d’Ozu. Au rythme de ces épaules qui se déhanchent en chœur pour faire partir les puces. Un beau film sur une construction familiale éphémère, d’un amour passerelle vers un autre, une retrouvaille d’un côté, une prise de conscience, ouverture à l’entraide et la tendresse de l’autre. Les dernières minutes sont très émouvantes.



JanosValuska
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le 18 mai 2022

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JanosValuska

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