Quitte à passer pour la marginale de service, il faut bien dire que ce Red Eye m'a plu. Loin du film d'épouvante bébête que laissait imaginer l'affiche (qui n'a rien à voir avec le film) ou encore le titre (on ne l'a pas compris...), Red Eye est un bon thriller psychologique, mené tambour battant sur les 1h15 courtes qu'il dure. Pour les amateurs de Wes Craven (présente !), on reconnaîtra son traitement réaliste et sans exagération du psychopathe de slasher (à la Scream) dans un final enlevé. Le binôme Rachel McAdams et Cillian Murphy est complémentaire : on s'attache à la miss qui a déjà pas mal d'émotions à gérer entre la phobie de l'avion et le décès de la mamie sans qu'un
anarchiste n'en rajoute en prenant en otage son père
, et on rigole parfois bien à l'insu du personnage de Murphy. Wes Craven n'a pas perdu son sens de l'humour absurde (Scream, Freddy) quand il plante un stylo ridicule dans son méchant ("Ah ben le v'là, ton stylo !", on a bien ri), quand il l'affuble d'un foulard en soie féminin, quand il l'oblige à se boucher le trou percé dans la trachée pour pouvoir parler, quand il le fait respirer comme Dark Vador. C'est un parti pris risqué que de faire basculer son grand méchant lugubre dans une version parodique, mais de notre point de vue, on a oscillé sans problème entre la tension des débuts et les rires de la fin, trouvant Cillian Murphy excellent sur les deux tableaux. On pressentait un peu que l'humour reprendrait ses droits à un moment du film, quand on a entendu le nom du méchant au début : Jackson Rippner (presque "Jack the Ripper", alias Jack L’Éventreur), la messe était dite. Les séquences à l'hôtel (avec la charmante Jayma Mays de Glee) nous auront aussi rappelé quelques journées de travail avec des clients aimables, nous permettant d'en rigoler cette fois-ci. Évidemment, le scénario se gonfle un peu par moments comme une baudruche qui ne se sent plus (
l'explosion de l'hôtel à coup de bazooka, le final avec les personnages qui en prennent plein la tête sans en mourir
), mais on ne s'est pas ennuyé grâce à ces lâcher-prises du scénario. Au final, on adresse d'avance nos excuses aux spectateurs qui y trouveront une sorte de téléfilm incohérent, mais on s'est vraiment intéressée à l'intrigue dans l'avion qui est tendue et on a adoré le revirement parodique du grand méchant à la fin. On s'identifie vite à Rachel McAdams et on s'est régalé d'un Cillian Murphy qui joue aussi bien les durs que les drôles.