Hormis le Sailor & Lula de David Lynch, on ne peut pas dire que les années 90 commencèrent bien pour Nicolas Cage. Pourtant, au milieu des comédies bas de gamme et des thrillers échappant de peu à la case vidéo est apparue une petite perle du film noir, un long-métrage discret qui a non seulement et malheureusement fait un flop mondial mais est directement sorti en direct-to-video aux États-Unis, personne n'ayant vraiment voulu distribuer le produit. Seuls la France et quelques autres pays ont daigné diffuser le film au cinéma avant que les États-Unis ne lui offrent une poignée de diffusions en salles. Pourtant, Red Rock West est une trouvaille qui méritait bien plus que ce traitement peu élogieux...
Le scénario nous présente Michael, un vagabond sans le sou aussi bon envers son prochain que désespérément naïf qui arrive dans une petite ville du Wyoming afin d'y trouver du travail. Au moment endroit au mauvais moment, il est pris par le barman pour un tueur professionnel chargé d'éliminer sa femme contre une grosse somme d'argent. Et quand il va prévenir la demoiselle, il va découvrir qu'elle lui offre le double pour liquider ce mari assassin. À partir de là, Michael sent l'embrouille et va tout faire pour déguerpir mais va être rattrapé par les emmerdes, comme aspiré par cette ville fantôme qu'est Red Rock. Tout semble échappé d'un film des frères Coen : la petite bourgade bien trop tranquille, une histoire de meurtre arrangé, un pauvre loser charismatique, une femme fatale, des gros flingues et un ton de film noir mêlé à une atmosphère parfois décontractée.
On se régale à contempler cette péripétie simple mais efficace, envolée et hypnotique où Nicolas Cage brille de sa simplicité, le regard ténébreux et les dents serrées face à la belle Lara Flynn Boyle, l'excellent J.T. Walsh et le toujours aussi déjanté Dennis Hopper, ici délicieux en tueur à gages bavard. Auteur du déjà acclamé Kill Me Again, film noir dans toute sa splendeur, le réalisateur John Dahl nous livre ainsi un western moderne trépidant où traîtres en pagaille et faux-semblants se mêlent aux coups de pétards et aux billets verts, faisant de Red Rock West une œuvre trop souvent mésestimée pourtant exaltante du début à la fin.