"Sir, simple just shit itself"
- How much you think a cross like that costs?
- You mean in dollars or common sense?
Comme tout le monde je suis étonné de la maîtrise dont Kevin Smith à fait preuve pour ce film. Surtout en découvrant qu'il était aussi à l'origine du scénario.
Ca part comme un teen-movie dans un petit patelin des états-unis dont on ne verra finalement pas grand chose à part quelques rues désertes balayées par des feuilles mortes, et puis ça devient... autre chose.
Une espèce de plongée dans cette église où les gens paraissent être de bons chrétiens adorables, dominés par un pasteur incroyablement convaincant tout dévoué à ses brebis. C'est d'ailleurs ce qui fait la différence avec The Last Exorcism, autre production horrifique de peu de moyens ayant pris pour cible ces églises de comtés: dans Red State ces gens là ne sont pas seulement des hillbillies débiles, ils sont surtout dangereux, et Smith se plaît à nous le rappeler. Sous sa patte, ils sont carrément irrécupérables. Ils sont tous blancs, souriants, cachent une armurerie terrifiante dans leur sous-sol et kidnappent ceux qu'ils jugent mauvais à la nuit tombée pour les exécuter avec un revolver planqué dans une bible. Bon, ok, ce dernier point est un peu gros, et d'ailleurs il ne fait pas dans le détail pour exprimer ses opinions par des personnages-stéréotypes, mais au fond c'est un film d'horreur, ça ressemble d'ailleurs plus à une comédie horrifique !
Petit budget oblige, c'est filmé crûment, le ciel est lourd et tout blanc, la photographie n'arrange en rien la tronche du paysage et c'est pas la peine d'espérer voir la caméra s'éloigner de plus de trente centimètres d'un personnage, mais c'est ça qui rends le film aussi prenant, et le plus perturbant c'est qu'on sait plus où se mettre après l'intervention des policiers, même les forces de l'ordre sont de vrais connards qui tirent sur tout ce qui bouge sans se poser de questions (une marque de fabrique de l'ATF...). Seul John Goodman s'agite pour tenter de maintenir un semblant de cohérence dans le chaos ambiant. Dans ces moments là j'ai vraiment eu l'impression de voir une reproduction du siège de Waco version série B bien remontée contre la religion et le patriot act, où Smith n'oublie pas de nous divertir en nous offrant quelques effusions de sang biens senties, les scènes d'échappées ou de course qui collent au plus près des personnages sont remarquables, avec un humour très noir et des dialogues impeccablement construits (la scène du haut-parleur est à mourir de rire).
Et un film n'est jamais aussi réussi que quand le méchant l'est, et le trop rare Micheal Parks incarne l'illuminé notoire avec un charisme incroyable, une vraie performance. Ses longues tirades, avec à ses côtés l'excellente Melissa Leo en folle de la messe, font partie des grands moments du film, on aurait presque envie d'y croire... Tarantino a apprécié, cela ne m'étonne guère. Kevin, continue dans cette voie !
Ah et ça fait plaisir de croiser brièvement Skyler et Badger dans des seconds rôles. Les fans de Breaking Bad comprendront.