En Provence, dans un village en ruines, seul demeure Panturie. Il rencontre Arsule, jeune femme délaissée et malheureuse, attachée aux pas d'un rémouleur. Bien sûr que les univers de Pagnol et de Giono étaient fort différents et que ce dernier ne pouvait se satisfaire de l'adaptation de son roman par le premier. Oublions la querelle entre les deux auteurs : il y a prescription. Le film, d'une certaine manière, mixe les deux visions provençales : la faconde comique de Pagnol s'effaçant quelque peu devant l'austérité tragique de Giono. Regain est l'histoire du blé qui lève dans une terre délaissée depuis longtemps. C'est du bon pain pétri avec amour par un réalisateur qui attache du prix à l'humanité de chacun de ses personnages. La plus belle scène, qui fait venir les larmes aux yeux, est d'ailleurs celle où le pain joue le rôle principal. Plus que Fernandel, un peu desaxé dans la tonalité générale, ce sont Gabriel Gabrio et Orane Demazis qui apparaissent en première ligne, cette dernière ne méritant d'ailleurs pas (au moins ici) qu'on lui adresse les reproches habituels sur la qualité de son jeu. Panturle, Arsule, Gédémus et les autres, le voyage avec eux en Haute Provence est bien mieux que pittoresque : il est émouvant.