Après le départ d'un vieil homme, parti finir ses jours chez son fils, un agriculteur bourru se retrouve seul au village avec une vielle femme, qui lui assure que s'il trouve une épouse, il pourra repeupler les lieux.
Le hasard veut qu'un jour, un rémouleur passe devant ce village désert avec une jeune femme qu'il a recueilli pour qu'elle tire la charrette. Ce qui va provoquer une histoire entre cette personne exploitée et l'agriculteur.
Encore un très beau film signé Marcel Pagnol, à nouveau tiré d'un livre de Jean Giono (après le magnifique Angèle), et où on retrouve à la fois le côté humain ainsi que sa troupe d'acteurs, Fernandel, Orane Demazis, Delmont, Henri Poupon et d'autres... Il y a toujours ce côté méridional qui fait que je me sens à la maison, un constat (déjà, en 1937) sur la désertification des villages au profit des villes, et aussi l'exploitation forcenée d'ouvriers. En l'occurrence, Orane Demazis, récupérée (c'est le cas de le dire) dans un bar par Fernandel, et qui va l'exploiter en lui demandant de tirer sa charrette, contre le fait de coucher avec elle.
Mais ce que je retiens surtout, c'est la scène avec Edouard Delmont, qui incarne le vieil homme que son fils a demandé de revenir chez lui, dont on dit qu'il retombe en enfance, ce qu'on appellera plus tard la maladie d'Alzheimer. Dans sa rencontre avec Gabriel Gabrio, qui incarne Panturle, je le trouve bouleversant sur le temps qui passe, et ce qui restera de lui après sa disparition.
Mais l'humanité de Pagnol ne peut pas faire de miracles, et si Fernandel incarne dans ce film un de ses rares rôles antipathiques, je ne le trouve pas si dur que ça. Même si c'est un exploitant, il y a tout de même un certain bon fond chez lui, même s'il est content d'avoir trouvé une esclave pour l'aider à vendre ses talents d'aiguiseur de couteaux.
Il n'y a pas à dire ; Regain est un très beau film, qui chante le Sud comme j'aime, porté par d'excellents acteurs, mais je ne retrouve pas le soupçon d'émotion qu'il y avait dans Angèle, si on excepte les dernières secondes qui résonnent comme un miracle dans cette terre désolée.