Le roman de Jean Giono que Pagnol met en scène est un hymne à la terre et à la fécondité. Fécondité de la femme et de la terre qui redonnera peut-être vie au village d'Aubignane agonisant.
Seul y subsiste le chasseur Panturle jusqu'à ce que survienne l'arrivée d'Arsule (Orane Demazis) au bras de son amant de fortune, le rémouleur Gédémus (Fernandel)...
Le film de Pagnol n'est pas une comédie "marseillaise". C'est un drame paysan, dans le pays de montagne de Giono, aux accents allégoriques et poétiques auquel le décor d'Aubignane en ruine et l'aridité d'une Provence sans pittoresque ajoutent un caractère lyrique au confins du fantastique. Et l'histoire d'Arsule et de Panturle est belle, tout autant par sa célébration du "regain" que par son expression de la vie rustique, du travail des champs, des moeurs paysannes.
Fernandel, dans le rôle épisodique de Gédémus, apporte au sujet sa part de comédie et compose un personnage peu commun dans sa filmographie d'alors en raison de l'ambivalence de son personnage et des attitudes, sous l'apparence de la bonhomie et de la cocasserie, méprisables à beaucoup d'égards.
La mise en scène n'est pas ici, comme souvent chez Pagnol, déterminante. La valeur du film se mesure essentiellement à la saveur des personnages (et des comédiens) et à leur force dramatique, à la richesse des dialogues et à la beauté du sujet.