Le terroir est au centre de Regain, ou plutôt la vision romanesque d'un terroir désaffecté qui peut encore revivre. Pour que Panturle, l'homme des bois, fasse revivre sa terre, il suffira d'une femme, et il redeviendra un paysan dur au labeur, sagace et simple. Cette femme, c'est Orane Demazis, qui se laisse d'abord porter, d'un événement à l'autre. Recueillie par Fernandel, qui compte bien en tirer profit, elle tombera amoureuse de Panturle et choisira son destin en connaissance de cause. Un village en ruine en haut d'une éminence sera le cadre de leur idylle.
C'est beau, et pétri de bons sentiments sans jamais tomber dans la mièvrerie, grâce à un cynisme bon enfant (oui je sais, cela ne va pas ensemble, mais je ne vois pas comment le dire autrement) qui donne de bien belles séquences : notamment celle entre Fernandel et les gendarmes, très drôle.
Se dessine en creux le portrait fantasmé du campagnard, dur à la tâche, amoureux de la terre et méfiant envers l'autorité, pas d'éducation et donc frustre, mais un fond de ruse caché sous sa bonhomie, avec ça le cœur sur la main, comme on dit. Fantasmé? Pas tant que cela, je dirais.
Bref, c'est très plaisant, et c'est très beau, c'est drôle, c'est tendre. Comme le dit l'expression, c'est bon comme du bon pain, celui-là même qui a une place d'importance dans le film.