Quelle modernité ! Tel pourrait être en résumé le sentiment que l'on peut avoir sur un film centenaire.
Le sujet déjà : la rédemption d'un ancien gangster qui choisit de s'amender est un classique du cinéma américain. Mais nous sommes en 1915 ! et non dans les années 30 qui verront "Rue sans Issue" ou "Manhattan Melodrama". 17 ans avant The Bowery, Walsh s'intéresse déjà aux classes prolétaires et à la pauvreté qui favorise l'émergence de la violence (un milieu où la force supplante le droit). Cette vision sociale a été popularisée par la Warner...mais encore là, nous sommes en 1915 et Warner Bros n'a même pas été créée.
Et puis, la mise en scène : Naissance d'une Nation est passé par là et Walsh lui emboite très rapidement le pas en rendant parfaitement fluide la continuité. Il y a le montage parallèle (avec 3 actions qui se déroulent en même temps) et même le flashback quand Owen, le criminel repenti, se rappelle qu'il a une dette envers Skinny, son ancien complice.
Régénération est aussi porté par des vrais moments de bravoure comme l'incendie du bateau. Et 19 ans avant la mise en place du code Hays, il n'a pas peur d'évoquer l'addiction à la drogue d'un personnage ou à mettre en scène le début d'un viol. Et puis, quelle miracle, de ressentir encore du suspense et d'avoir peur pour la vie de Marie Deering, figure de sainte, dans un monde de brutes. montré sans fard plus de 100 ans plus tard. Walsh en était seulement au début de sa carrière mais il avait déjà tout compris.