Dès le début du film, le ton est donné ; un suicide. Celui d'un officier de police qui ne supporte plus la corruption de sa hiérarchie. Un inspecteur, que jour Glenn Ford, va tenter de démêler tout ça et de constater que les liens entre le crime, la police et la politique sont plus minces qu'on le croit, au péril de sa vie et de ses proches.
Le film est une formidable leçon de virtuosité, aussi bien dans la mise en scène, qui rappelle tant le Film Noir, que dans la morale du héros, qui flirtera sans cesse avec la ligne rouge, et un étonnant Glenn Ford, à la fois impassible, même dans le pire, et narquois, avec son petit rictus sur le côté.
D'ailleurs, et c'est là que le film a connu un petit regain de popularité en 2008, c'est qu'il a été souvent cité par Christopher Nolan comme une des influences de The Dark Knight : au moment de la sortie du dvd américain, il fut même interviewé à ce sujet. Sans trop en dire, le film tourne souvent autour de l’ambiguïté morale du personnage principal, faisant à un moment donné sa propre justice en se servant des méthodes de ses ennemis, sans aucun meurtre à la clé.
Il y a aussi tout le travail de cette grande actrice que fut Gloria Grahame, dont son sort n'a pas dû rendre insensible Nolan, avec sa dualité constante entre l'envie de justice et de se laisser aller dans l'illégalité. Et on a également le talent de Lee Marvin qui explose, c'est le cas de le dire, en grand méchant de la pègre, pas très sympa avec la gent féminine, et qui sera du début à la fin une belle ordure.
Pour rajouter à ce casting très intéressant, notons la présence de Jocelyn Brando, la sœur ainée de Marlon, qui incarne l'épouse pète-sec du héros, et dont ce sera un de ses grands rôles, se tournant davantage vers la télévision.
Pour le reste, Règlement de comptes est un modèle d'efficacité - moins de 90 minutes - et qui propose un travail intéressant sur le cadre, l'image en noir et blanc, et sur le point de vue, qui renvoie à la fois au bon et aux méchants, pour aller vite.