Le diable est parmi nous, tremblez!

5 ans après Agora, Alejandro Amenabar est de retour avec une série B poussive. Cela ressemble à un film de commande, même si le jeu de manipulation correspond aux films précédents du réalisateur. Le scénario est plat et prévisible, comme la réalisation et l'interprétation, qui ne fait preuve d'aucune subtilité.


Angela Gray (Emma Watson) accuse son père John (David Dencik) d'attouchements. Celui-ci semble vouloir coopérer avec l'inspecteur Bruce Kenner (Ethan Hawke), mais ne se rappelle pas des faits. Il va devoir enquêter avec l'aide du professeur Kenneth Raines (David Thewlis), en utilisant l'hypnose et mettre dans un état de régression les suspects, afin de trouver la vérité.


Un thriller avec un soupçon de surnaturel. Cela semble intéressant sur le papier, surtout avec Alejandro Amenabar à la réalisation. On attend du suspense, des frissons, du drame et un retournement du cerveau à la fin, à nous couper le souffle. Ce ne sera pas le cas. L'histoire défile sous nos yeux, sans que l'on éprouve un semblant d'angoisse. Au contraire, on ressent une certaine lassitude devant l'absence de perturbations au fil de l'enquête. Le voyage se passe sans secousses, on est bien enfoncé dans son fauteuil et pas loin de taper la sieste. Il ne se passe pas grand chose, cela manque tellement de finesse, qu'on attend le dénouement final avec sérénité, tout en voulant donner la solution à toute la salle. Mais comme je suis sympa, je suis resté assis, en espérant me tromper....


L'histoire s'inspire de faits réels, comme trop souvent ces derniers temps dans le cinéma hollywoodien. Durant les années 90 aux USA, des sectes satanistes se seraient développer à travers le pays. Elles auraient sacrifiés des bébés, pour s'en nourrir et boire leur sang. Il y aurait d'autres actes peu ragoutants, mais je ne vais pas tout dévoiler, sinon le film perdrait de son charme qu'il n'a pas. C'est dans cette Amérique profonde; le Minnesota en l’occurrence; que se déroule cette angoissante affaire. On assiste à la lutte entre le bien et le mal, donc dieu et satan, sauf que le révérend Murray (Lothaire Bluteau) est le sosie de Tex, ça casse un peu le délire. S'il n'y avait que ça, on pourrait passer au-dessus, mais Emma "super minaudeuse" Watson est dans la place! Elle a le totem "intouchable" grâce aux fans d'Harry Potter, mais comme je n'en fais pas parti....bref, Emma fait sa victime (comme sur l'affiche), Emma fronce les sourcils, Emma pleure (enfin, il y a de l'eau qui coule sur son visage) Emma a peur et comme le réalisateur semble sous le charme, on la voit presque tout le temps en gros plan, fatigante.
Je ferais preuve de mauvaise foi en ne tapant que sur cet ersatz d'actrice. Ethan Hawke est en roue libre. Il est énervé, mais genre tout le temps. Est-ce à cause de son divorce ? A-t'il été maltraité durant son enfance ? Abus de caféine ? Le Dunkin'Donuts de son bled a fermé ? Pas d'amis ? On ne saura pas vraiment, mais il prend très à cœur cette affaire. Certes, on peut comprendre sa nervosité face aux faits reprochés au père, mais il est excessif. Alejandro Amenabar semble ne pas avoir su tenir ses acteurs(trices), c'est un peu à celui qui en fera le plus, ou le moins, c'est selon.


L'hypnose comme solution. Qui y croit ? Comme le film s'inspire de faits réels, cela va être compliqué. Cela commence à faire beaucoup pour un seul film : le sosie de Tex, casting qui cabotine et ça....Je veux bien, mais bon, voyons ou cela nous mène....Bah, pas très loin, vu que l'histoire se contente de tourner en rond, d'user d'effets d'une platitude exaspérante (le chat, j'en ris encore, de dépit). Alejandro Amenabar dit s'être inspiré de L'exorciste et Rosemary's Baby....cela se voit, mais ça ne fonctionne pas. C'est à la limite de la parodie, avec le visage peint des satanistes, ressemblant à celui de Pazuzu, mais sans que cela soit flippant. Pareil pour la scène de sacrifice, Roman Polanski doit se retourner dans sa tombe...oh ça va, je sais qu'il est vivant, c'était une boutade pour détendre l'atmosphère.
Le coup de théâtre est prévisible. On le voit venir dès le début, surement mon instinct de spectateur assidu, à qui on ne peut pas trop la faire à l'envers. A moins, que cela soit dû aux déroulements des faits, à l'absence de tension et surtout d'explication. Tout se règle rapidement et facilement. Parfois, on ne sait pas tout et le film se termine en nous laissant dubitatif. Ce n'est pas vraiment un défaut, on se fait notre propre opinion, cela permet de faire encore vivre l'histoire en sortant de la salle. Sauf que là, on sait mais face aux événements, cela reste assez foireux. On pourrait dire "beaucoup de bruit pour rien", mais même pas, vu qu'on a pas eu une amorce de bruit....


Alejandro Amenabar rate son retour et son film. C'est une mauvaise série B, où rien n'est vraiment réussi, même pas l'affiche....Ni frayeurs, ni suspense, ni angoisse, non rien, sauf de l'ennui pour ce presque téléfilm digne des après-midi sur M6.

easy2fly
3
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le 7 nov. 2015

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Laurent Doe

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