Le film se fait descendre par tout le monde, mais je trouve néanmoins qu'il y a plein de choses intéressantes dans ce Regression. On sent très bien qu'Amenabar sait distiller ses effets. Oui mais au service de quoi ? Un thriller de plus ? Non, il ne peut se contenter de livrer un film de genre prémaché, il lui faut tenter d'apporter quelque chose d'inédit. Démarche louable et rare.
La mise en scène d'Amenabar est précise, maniaque, tout est contrôlé. Il y a un soin constant du cadre, la photo est très travaillée, graphique.
Au niveau du récit, Amenabar tente donc quelque chose de casse-gueule, en jouant avec nos attentes, nos préjugés sur le genre et ses codes. En s'appuyant sur une histoire faussement manichéenne et unidimensionnelle pour mieux la renverser, il prend le risque de décevoir: il n'y aura pas de climax surpuissant, pas de twist superficiel, juste la conclusion logique d'une approche différente. Ce qui nous intéresse ici, c'est l'image et la manipulation insidieuse qu'elle engendre sur celui qui la perçoit, que ce soit le perso du flic sous pression joué par Ethan Hawke ou le spectateur lui-même.
Intelligent,sans doute trop dans une époque où les films d'horreur reposent sur du vide et une absence de style navrante.
L'équilibre est précaire et peut-être pas complétement tenu mais c'est une tentative intéressante.