Comme son personnage principal, on aimerait pouvoir revenir en arrière, apprécier le passé, comprendre la teneur des références usées jusqu'à la moelle. Mais comme la ville dans laquelle le personnage évolue, la scénariste et apprentie réalisatrice Lisa Joy (la série "Westworld") se noie dans une vague de références qu'elle ne maitrise pas et dont les remous la précipitent dans une autosuffisance qui n'a d'égal que sa prétention.
Soucieuse de proposer un polar old school teinté de SF, Joy sert sur un plateau d'argent tous les codes du film noir : un ténébreux pigeon qui va se muter en enquêteur torturé, une femme fatale qui pousse la chansonnette, un mystérieux tueur caché dans la pénombre, des ruelles brumeuses, des bars mal fréquentés, l'inévitable voix-off... Reminiscence porte bien son nom. Sauf que la sauce ne prend jamais, la faute à une mise en scène fragilisée par un décorum inexploité et une poignée de CGI douteux, un casting aux fraises et un scénario d'une rare mesquinerie.
L'enrobage est factice, l'interprétation digne d'une parodie de Jim Abrahams (mention spéciale à Cliff Curtis, parfait en Dr. Denfer du pauvre), les rebondissements plus téléphonés que l'appel d'une ado dégommant son forfait Ola. Il y a bien une séquence d'action avec une Thandie Newton bien badass, même si la séquence aurait pu être pu être plus visuelle (en gardant la tête sous l'eau par exemple, chose que fait pourtant ironiquement Lisa Joy durant tout son film).
Reminiscence est la preuve ultime qu'à force de se gaver de références classiques, on ne peut que les vomir sans en contrôler une seule, l'overdose étant plus fatale que sa belle rousse. Quant à Hugh Jackman, décidément coltiné à faire trempette dans des cuves à moitié à poil, il ne sauve nullement cet ersatz boursouflé, inconsistant et vaniteux dont les rouages étriqués et les incohérences visuelles liées à son pauvre concept démontrent un savoir-faire inexistant.