Une histoire-bateau tournée à Brest et qui n'est franchement pas du tonnerre !

L'idée était bonne : rendre un hommage appuyé à des hommes qui risquent leur peau pour tenter de sauver des bateaux en perdition... Le risque, ça vous attire les spectateurs et ça fait l'admiration des femmes...Ici, c'est le film qui est en perdition....

L'aventure a été créée à partir d'un roman de 1935 de Roger Vercel et tiré d'une histoire vraie :

Le naufrage du vapeur danois Hélène sur la grève de Biliog Vraz à l'Île de Sein, qui fit 4 morts et 15 rescapés..

La mer était un univers fascinant qui faisait peur à l'époque et quand elle se mettait en colère, peu osaient l'affronter...

Voici donc l'histoire d'un "capitaine-courageux" prêt à sacrifier sa vie et celle de son équipage pour sauver des bateaux risquant le naufrage et ayant lancé un SOS... Le pire est que sa femme est atteinte secrètement d'un mal incurable et à peur de le perdre : lui ne le sait pas et va la tromper...

Ici, c'est le film qui fait naufrage...

C'est un peu l'histoire d'un long-métrage maudit...

Jean Grémillon (1901-1958) un des plus importants réalisateurs français selon Bertrand Tavernier, l'avait entrepris avant le début de la seconde guerre mondiale... Il a réalisé de 1928 à 1953dix-sept films et celui-ci est son douzième et avait commencé à tourner à l'époque du cinéma muet...

Le tournage d'un film sous la tempête n'est pas un long fleuve tranquille et les équipes de tournage appréhendent toujours les risaues que ça comporte...

Ici ça aura été le cas, au point qu'il a fallu reconstituer des trucages "en chambre" pour reconstituer certaines scènes de tempête dans les studios de Boulogne-Billancourt.... Trucages qui doivent faire rire à gorges "d'employés" de nos jours les spécialistes du genre parce que même pour des néophytes, ça se remarque vraiment...

Puis quand il fallait que la météo soit mauvaise et qu'il y ait des averses, il fallait recourir aux lances des pompiers pou les simuler...

La défaite de 1940 et le bombardement de Brest ont ajouté à la liste des malédictions.... En 1940 il aura aussi fallu des permissions exceptionnelles à Gabin et Grémillon mobilisés avant le début de l'occupation...

En 1941, Gabin et Morgan ont aussi rejoint les USA et au moment du montage en 1941, on a cru toutes les bobines du film perdues mais elles ont été finalement retrouvées...

Au point que de nos jours on se demande si un film sur les épouvantables circonstances de ce tournage ne serait pas plus intéressant que le film lui-même, peu palpitant...

Au début du film, ça se traîne avec un mariage qui dure un bon quart d'heure où il ne se passe pas grand chose... Grémillon voulait-il donner des lettres de noblesse au cinéma ? Toujours est-il que les dialogues de Jacques Prévert rehaussent le texte et les dialogues comme cette allocution au toast nuptial :

"Un mariage de marins, ce n'est pas un mariage comme les autres,

Chaque marin a deux femmes : la sienne et puis la mer...

Sauf qu'ici, le capitaine courageux cocufie la sienne ce qui fait trois, mais on aurait vu d'un mauvais œil Gabin ne pas batifoler et faire craquer son entourage féminin ! N'empêche, avec le recul du temps et considérant le talent de l'artiste, le voir faire des minauderies et des roucoulades auprès d'une colombe n'est pas très convaincant avec le recul du temps...

Il y avait quand même plus spécialiste dans le genre "tombeur" à l'époque... Pourtant, Morgan et avaient connu une relation réelle mais éphémère....

Autre fait saillant du film : du bruit, rien que du bruit, entremêlé à de musiques aussi syncopées que désagréables d'outre-tombe... Ca gueule, ça crie dans tous les sens : effroyable ! Je tombe de haut : moi qui pensais que les secours devaient se dérouler avec calme et sang froid ! Ce qui m'a fait penser à cette métaphore :

"si un bateau fait naufrage, ce n'est pas par largesse d'esprit et grandeur d'âme qu'on sauve d'abord les femmes et les enfants, c'est pour avoir la paix et réfléchir tranquillement pour trouver des solutions aux problèmes..."

Sorti en 1941, ce film n'a pas dû rencontrer le succès : les français avaient d'autres soucis et ce film est resté... à la remorque... Prévert se fâcha contre Grémillon qui introduit des oeuvres musicales religieuses à la fin du film... Une fin prévisible et pas très crédible...

Pourtant, le casting était aussi varié que remarquable, certaines célébrités ne figurant même pas Après guerre, le public était plus attiré par les rires, les joies, que par les drames : les drames, ils les avaient vécus avec Hitler...

Le cinéma d'après guerre n'était plus le même qu'avant... reste la patine du temps, et cet hommage aux huit remorqueurs de la rade de Brest à l'époque...

Arte le 24.04.2023-17.05.2023-

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le 16 mai 2023

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